Avant tout, il est évident que je ne suis pas le lecteur modèle pensé par Anne Ferrier, j'ai bien dix ans de trop ! Voici donc les quelques observations d'une adulte rompue à la lecture d'histoires post-apocalyptiques.
Déjà, la narration est d'une incroyable faiblesse (que faut-il dire de l'emploi navrant du présent de l'indicatif ?), les mots ne heurtent jamais comme ils le devraient et ne caractérisent pas suffisamment les personnages, dont les prénoms reflètent étonnamment bien le bagage culturel de leur créateur, pour rendre pertinente l'alternance de points de vue dans les chapitres. Aussi, la psychologie à deux sous (une pensée pour la gamine abusée par son beau-père) est, dans le meilleur des cas, davantage outrageante que probante — grotesque le reste du temps. Enfin, les convictions de l'auteur sont trop prégnantes et m'ont rendu désagréables quelques phrases, terrifiantes d'ignorance ; d'ailleurs, l'humour essentiellement fondé sur l'ironie intempestive et les références bateau (Harry Potter encore et encore) n'a pas fonctionné sur moi.
Je peux néanmoins deviner ce qui plaît au lectorat adolescent : l'univers est enivrant, l'idée de tout contact humain impossible est intéressante (mais si superficiellement exploitée), les héros sont des lycéens typés, et le rythme soutenu du bouquin fait qu'on le termine en moins de deux. Pas sûre qu'il marque les esprits pour autant.