Et rester vivant par narbe
Malgré le thème (en gros, comment continuer à vivre après des deuils de proches), forcément pesant et grave, ce livre se lit très rapidement; et pas seulement parce qu'il n'est pas long; Blondel, qui ne s'est pas caché d'avoir raconté un épisode autobiographique de ses jeunes années, arrive à trouver le ton juste pour restituer l'ambivalence de son personnage, à savoir la mélancolie, voire la tentation du suicide, et cette volonté de (re)vivre qu'il trouve grâce à ses potes, aux rencontres, au voyage intérieur et exotique (la Californie des années 80) et de son imaginaire. Il nous balade très adroitement entre passé et présent, grâce à des descriptions très imagées,entre les différentes humeurs qui le traversent, sans tomber dans le pathos, en recourant aux émotions sensorielles qui le traversent. On ressent bien l'aspect somnambulique de ce voyage, cet état limite, "entre-deux" où les trois personnages principaux larguent leur quotidien et recherchent le lâcher-prise.De ce fait, sans s'identifier à lui, le lecteur peut aisément éprouver les pérégrinations existentielles et charnelles du "héros".
Forcément, il ne s'écoulera pas longtemps avant qu'il ne me tombe entre les mains un autre Blondel.