Olivier Séguret a été critique de cinéma au quotidien Libération pendant 25 ans (1990-2015) et voue une admiration sans bornes pour le réalisateur Jean-Luc Godard (1930-2022). Il trouve même que sa vie ressemble à un film de Jean-Luc Godard et réciproquement. Quelle prétention ! Pendant l’hiver 2013/14, le réalisateur est malade et Libération pense à Olivier Séguret pour écrire sa future nécrologie. Comme beaucoup d’écrivains et d’intellectuels, Olivier Séguret parle de lui à travers Jean-Luc Godard. Pendant l’été 2014, le journal Libération connait de graves difficultés financières tandis que Jean-Luc Godard fait polémique par ses déclarations politiques. Vu les nouveaux propriétaires de Libération, Olivier Séguret souhaite partir (départ effectif le 18 octobre 2014, ce qui lui évitera d’écrire la nécrologie de JLG) et écrire un livre sur Jean-Luc Godard qui lui a envoyé un texto. Il part le rencontrer à Rolle, au bord du lac Léman (canton de Vaud) entre Genève et Lausanne, le 13 août. Dans le livre, il relate leurs discussions et évoque Serge Daney, la mort (« il est mort Chabrol ? demande JLG). Propos pas vraiment intéressants et dignes d’être publiés. C’est une écriture au fil de l’eau, proche du bla-bla. Il considère JLG comme le plus grand maitre vivant du cinéma mondial et chez qui, ce qu’il aime le plus, est le lyrisme. Il écrit, sans l’envoyer, une lettre à JLG, très égotique, celle d’un disciple, avec des phrases alambiquées mais finalement creuses (« Votre cinéma est la caméra de surveillance poétique qui témoigne du monde vrai là où nous sommes enivrés d’un monde factice et représenté »). Il digresse même sur le cinéma pornographique. Bref de l’onanisme intellectuel. Le livre suinte l’entre-soi : Olivier Séguret connait le sociologue Didier Eribon (qui a été critique littéraire à Libération) qui connait lui-même le sociologue Pierre Bourdieu (1930-2002). On dit ouf après 125 pages ! Heureusement qu’il s’agit d’un cadeau (23 €) de la revue Positif pour un réabonnement.