Plus noir que noir
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le 9 déc. 2021
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Créé en 1804, Guillaume Tell est la dernière pièce de théâtre de Schiller, mais la première que je découvre de son oeuvre.
Schiller, qui n'est jamais allé en Suisse écrit à partir des notes de son ami Goethe une oeuvre sur le héro du mythe fondateur Suisse, arbalétrier hors-pairs. Héros de la révolte des trois cantons Suisse contre l'empire des Habsbourg
En 1804 , la pièce est crée quelques mois avant le coup de d'Etat de Napoléon en France. Nous sommes donc encore sous la première république française, et les idées révolutionnaires agitent l'Europe. Ces idées ont une influence évidente sur la pièce, qui a une lecture politique assez simple. Les peuples ont le droit de disposer librement d'eux-même. La figure de l’empereur n'est pas accablée, mais les gouverneurs autrichiens sont des tortionnaires sans cœur. La révolte des opprimés est donc légitime et les suisse ont légitiment le droit de chasser l'occupant .
La particularité est ici qu'il s'agit des trois cantons suisses Uri, Unterwalt et Schwytz liés par une "antique alliance" qui s'unissent lors du mythique serment du Grutli et se soulèvent.
Il y a donc plusieurs lieux chaque cantons comptant ses propres héros et paysans. On a un peu de mal à se retrouver dans de si nombreux personnages secondaires à la lecture, c'est peut-être un peu plus facile au théâtre. Dans ceux ci on retrouve des personnages mis un peu plus en avant : Walther Furst , le beau père de guillaume Tell a la sagesse procurée par son age, Stauffacher portera la révolte.
La figure du baron Attinghausen est intéressante : il s'agit d'un noble épargné par les autrichiens, mais souffrant des mauvais traitement infligés à son peule, et le soutenant donc contre l'occupant.
Guillaume Tell est donc le personnage principale du récit. il est d'abord présenté comme rameur intrépide et excellent arbalétrier. Cette figure de héros intrépide se teintera d'humanité quand il exprime sa peur devant l’épreuve imposée par le gouverneur Gessler, puis de bonté dans la dernière scène. Schiller nous propose un portait profond de son héros
On notera que son histoire n' a pas réellement de rapport avec celle de l'insurrection mais ne fait que la croiser. Il refusera même de s'engager dans celle ci au début du récit. Peut-être s'agit t'il d'un reste de la vision Rousseauiste (du refus de la vie en société) que Schiller a eu au début de sa vie artistique.
La scène finale présente l'opposition entre Tell, ayant tué après un long monologue le gouverneur Gessler, dans un cadre de légitime défense pour la protection de sa famille et des siens (dans une moindre mesure) à Jean le parricide, ayant tué l’empereur par simple cupidité, horrifié de son geste. Après hésitation Tell lui apportera le secours minimum requis à celui qui reste son semblable, et le recommande à Dieu et à l'intercession du Pape. Schiller insiste avec force sur la différence entre la légitime défense et la violence égoïste liée à la cupidité.
Bref : une pièce intéressante et un peu plus complexe que d'autres probablement bon reflet de la pensée européenne révolutionnaire du début du XIXème siècle. Probablement pas l'oeuvre de Schiller la plus accessible, mais ça je m'en rendrai compte quand j'aurai avancé dans ses écrits.
Sources :
- La conception dramaturgique de Guillaume Tell. Un drame de la liberté d’une bouleversante actualité par Peter André Bloch, Professeur à l’Université de Haute-Alsace (Mulhouse)
- Dans une bien moindre mesure, l'article Wikipédia correspondant à la pièce
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Créée
le 9 août 2020
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