Rembrandt à La Havane
Vivre libre est plus qu'un choix, c'est un combat quotidien. Contre la société, sa communauté, les pouvoirs en place, la morale aussi et le regard des autres. Hérétiques, cette fresque de Leonardo...
le 5 janv. 2017
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Vivre libre est plus qu'un choix, c'est un combat quotidien. Contre la société, sa communauté, les pouvoirs en place, la morale aussi et le regard des autres. Hérétiques, cette fresque de Leonardo Padura, rend hommage à ceux qui tentent de tracer leur propre route, quitte à choquer, quitte à souffrir, quitte à y laisser sa peau. Le roman de l'auteur cubain est clairement constitué de trois parties distinctes, correspondant à des périodes historiques différentes, dont le lien, outre la thématique évoquée plus haut, est un tableau peint par Rembrandt, à l'étrange destin. La relation entre les différents segments est sans aucun doute tirée par les cheveux mais beaucoup sera pardonné à Padura pour certains passages formidables, notamment pour toute sa première partie qui raconte, entre autres, l'odyssée du navire SS Saint-Louis qui rappelle, en plus tragique, celle de l'Exodus.
Si Hérétiques parait d'emblée dense et touffu, parfois noyé dans un luxe de détails, l'histoire de ce bateau maudit et l'énigme qui entoure le tableau de Rembrandt captent immédiatement l'attention, d'autant que le personnage de Mario Condé, ex-flic et symbole d'une population qui survit tant bien que mal dans le Cuba de Castro avec pour armes la débrouille, l'humour, l'amitié et quelques bouteilles de rhum, est un homme attachant, notamment pour ses faiblesses très humaines, y compris un certain manque de courage. La césure est très nette avec le deuxième récit qui nous entraîne du côté d'Amsterdam, dans l'atelier de Rembrandt où un jeune juif, contre vents et marées, va tenter de vivre pleinement sa passion : la peinture, au côté du grand maître. Ce n'est pas que son destin soit inintéressant, loin de là, mais Padura lambine beaucoup trop au milieu du roman et, faut-il l'avouer, Conde nous manque alors beaucoup. Le troisième mouvement de cette symphonie romanesque nous ramène enfin dans le Cuba d'aujourd'hui pour un portrait désenchanté de La Havane à travers la "tribu" des emos, une jeunesse revenue de tout et sans illusions. Il serait trop long de décrire les sinuosités du livre qui se fait alors thriller pour mieux revenir au fil rouge du tableau de Rembrandt, la genèse finale (mais oui), nous catapultant sur les dernières pages dans la Pologne du XVIIe siècle à une époque où les juifs sont massacrés sans autre forme de procès. Ouf.
Hérétiques est un peu "étouffe chrétien", excusez l'impression, et souffre d'une overdose d'informations et de considérations multiples. Maintenant, il est indéniable que le livre a du souffle et une sacrée ambition en dépit d'une intrigue centrale éclatée qui tient du puzzle dont les morceaux se recollent de façon, hum, un peu désinvolte. Dans l'ensemble, un bon livre mais bien trop long.
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le 5 janv. 2017
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