L’auteur raconte son propre parcours dans le Kentucky, au cœur des Appalaches. La région est pauvre car l’industrie du charbon et de la métallurgie est allée en périclitant. Quant à l’auteur, il vit avec sa sœur aînée, Lindsay, ainsi que sa mère, une infirmière instable professionnellement et sentimentalement. Trimballé entre les différents foyers des compagnons provisoires de sa mère, il grandit dans un sentiment d’insécurité permanent.
Ses uniques tuteurs sur qui il peut compter sans peine, ce sont ses grands-parents maternels, Mamaw et Papaw. Au moindre incident, c’est chez eux qu’il trouve refuge et leur demeure voisine devient peu à peu sa maison officielle. Car la mère de J.D. est ce qu’on appelle une mère défaillante qui perd pied à chaque rupture et à chaque deuil. Tombée dans la surdose de médicaments et de drogue, elle ne parvient pas à faire face à la vie et à élever ses deux enfants.
Les Hillbillies qui figurent dans le titre ce sont, à l’origine, des hommes des montagnes. Avec le temps, le terme désigne maintenant n’importe quel péquenaud blanc qui boit du bourbon et qui, surtout, fait partie de la communauté des petites gens des Appalaches. Et c’est en tant que Blanc issu de rien que J.D. Vance progresse, confiant ses poids et ses peines, toutes ses entraves qui auraient dû le conduire au chômage et à la misère. Mais doté d’un caractère impitoyable (il se fait justice lui-même dès tout jeune), il a des ambitions dans la vie. Il s’engage quelques années dans l’armée puis entame des études de droit, à Yale, pour devenir avocat. C’est donc un parcours peu commun que nous raconte l’auteur et de part son incroyable ténacité et son exemplarité, on le suit captivé dans tout ce qu’il a enduré par le passé.
Il a maintenant 33 ans, est marié et a un boulot qui lui plait. Autant dire que ce n’était pas gagné mais qu’il a presque tout surmonté. Il livre de belles réflexions ethnologiques sur sa communauté des Hillbillies avec une mise en relief de la situation actuelle, notamment politique, qui a conduit à l’arrivée de Trump et à la montée de la xénophobie. Comment ces gens, livrés à eux-mêmes, ont-ils pu en arriver à se désolidariser du monde ? Ce sont des pistes qu’apportent Vance à travers son expérience et son observation du quartier et du quotidien. C’est un témoignage rare que je conseillerai sans hésiter !