L'histoire de Georges Guersant est un long roman dans lequel Jean Hougron a probablement mis beaucoup de sa personne. Quand on lit sa biographie, on se rend compte de pas mal de similitudes, le père cheminot, la mère catholique pratiquante, sa relation avec une institution religieuse dans laquelle il enseigne, etc…
Le roman se déroule dans une ville française imaginaire, Lourdan qu'on pourrait penser ressembler à Dreux avec sa partie haute (le plateau) et sa partie basse où il a vécu, pendant la période d'occupation allemande.
Il examine par le menu les difficultés, les ambiguïtés et surtout les personnes qui gravitent autour de lui. Lucide et cynique à la fois, il parle vrai. Il ne s'engage pas mais se trouve quand même à deux reprises à participer à des actions de résistance, peu glorieuses, qu'il commente et critique abondamment : les héros de la dernière minute, les héros d'actions minables ou inutiles, les héros des comités d'épuration, les héros prêts à toutes les compromissions et à tous les petits profits.
Et lui, au milieu de tout ça, il appartient à un milieu modeste mais est instruit. Du coup, il est entre deux mondes qui se détestent. Il cherche indéfiniment sa voie, comptable ? professeur ? partir vers d'autres cieux ?
En définitive, le roman, écrit bien des années après cette période d'Occupation, est un retour sur sa vie lors cette période d'Occupation alors que lui-même a fini par réussir sa vie après avoir (enfin) quitté cette ville. Une bonne façon d'exorciser les vieux démons de cette époque et de régler ses comptes avec lui-même.
On reconnait bien les thèmes chers à Hougron qu'il a développés dans ses premiers romans de la Nuit Indochinoise. Dans "tu récolteras la tempête", par exemple, Hougron montre que l'action ou plutôt la décision de l'action qui est souvent difficile à prendre, sont indispensables pour pouvoir se réaliser. Dans "Par qui le scandale", le héros revient "riche" au pays alors qu'il en était parti "pauvre" mais se trouve en complet décalage avec la vie étriquée de ceux qu'il avait laissé.