Tout d’abord, je tiens à préciser que je n’ai lu que quelques pages de ce manuel. Mais je pense que c’est suffisant pour en voir les principaux défauts.
J’ai acheté il y a quelques années cette Histoire de la littérature française parce qu’elle m’avait été présentée par je ne sais plus qui comme indispensable. Et comment douter de sa qualité quand on regarde le curriculum vitae de son auteur, ancien professeur de khâgne à Louis-le-Grand, ancien ministre de l’Éducation, Chancelier de l’Institut ?
Pourtant j’ai laissé longtemps ce livre dormir dans ma bibliothèque. Tout récemment, je l’ouvris vraiment pour la première fois, pour voir ce que je pourrais en tirer sur Rimbaud. Voici ce que j’y trouvai : « Ce besoin de "désamarrage" est résumé par Le Bateau ivre (1871), allégorie de l’aventure poétique. Ce poème éblouissant attire l’attention de Baudelaire et de Verlaine », etc. Mais Baudelaire, tout professeur de littérature le sait, est mort en 1867, et n'a donc jamais rien su de Rimbaud, qui avait 13 ans la même année ! Comment une erreur aussi grossière est-elle possible ?
Les quelques autres pages que j’ai lues n’ont pas vraiment amélioré cette mauvaise première impression. Il m’a semblé lire de vieux cours de prépa, où on veut donner aux élèves un panorama général de la littérature, mais assez superficiel. Le ton est compassé, sentencieux, et l’approche des œuvres me semble assez éloignée de la démarche plus scientifique adoptée désormais dans les études littéraires. Par exemple, il aurait été judicieux de suggérer quelques ouvrages de référence pour approfondir la réflexion sur tel ou tel auteur. À la place de cela, on a une variation sur des clichés de l’histoire littéraire (la farce et la « progression » [sic] vers la grande comédie chez Molière)…
Enfin, c’est un ouvrage écrit avant Wikipédia et que cet outil rend assez obsolète. Il y a des fiches bien faites dans ce manuel, par exemple sur Les Rougon-Macquart, mais je ne vois plus trop l’intérêt des 80 pages de « Tableaux biographiques », c’est-à-dire de chronologies, consacrés aux principaux auteurs. Au final, c’est comme le dictionnaire des noms propres, ou le Quid : c’était utile il y a trente ans pour trouver rapidement une information assez fiable ; aujourd’hui, autant économiser de l’argent et faire une recherche sur Internet. Qui sait, peut-être, sur la bonne page, y aura-t-il moins d’erreurs !