Un tueur professionnel. Le milieu. Un contrat. Quelques luttes d’influence entre clans autour, en arrière-plan.
Souvent rien de plus. Mais rien de plus n’est nécessaire : les grands livres n’ont pas besoin de grands rebondissements, non ?
Mackay s’en tient à cette ligne droite tueur-contrat-lutte d’influence, mais la densifie magnifiquement dans l’intimité des personnages. Leurs pensées, leurs sursauts, leurs vibrations, la précision des détails auxquels ils songent et resongent pour trouver l’organisation parfaite ; pour minimiser le risque dans leur vie pourtant risquée. Alors, non, la trajectoire du livre n’aura pas beaucoup dépassé ce cadre : quelques quartiers de Glasgow, quelques fillatures avant le contrat, quelques recherches policières après, quelques passage chez un ou deux caïds de la ville ; le squelette ne multiplie pas les embranchements. Mais la précision des personnages laisse un goût de profondeur, de voyage intense, de momet plein & riche.
Pas d’embranchement, pas de folie des personnages non plus si l’on y songe. Le milieu n’apparaît pas à travers des personnages hauts en couleur, les flics ne sont pas maniaques ou obsessifs ou tiraillés par des grands trauma ; pas de grandes figures spectaculaires comme en manipulent si bien Ellroy ou comme en incarnent Nicholas Cage ou Di Caprio a leur plus haute excitation. Les thrillers aux tueurs en série invraissembables semblent impensables, et l’air lu y est moins abracabrandesque, et paradoxalement, plus marquant.
Certes, un meurtre, certes, quelques ripoux ou quelques verres de trop dans un bar ; mais rien de baroque. Flics, tueurs, trafficants, caïds, tous restent dans un cadre et des limites professionnelles, modérés, focalisés selon leurs habitudes ; rien de plus que de petits excès, comme peuvent en apprécier n’importe qui, qu’il soit employé, retraité, mari amoureux ou que sais-je. Ce meurtre, c’est un petit événement dans le flot de vies professionnelles, d’occupations habituelles, d’une routine, presque.
Et ce cadre rend ces pensées intérieures de tous les personnages encore plus frappantes. Rappelant à quel point un bon roman policier offre une belle littérature, fait un grand roman.
Rien qu’un meurtre, rien qu’un dealer sans envergure, et tant de vie, tant d’inquiétude d’humaine.