Esprit fort, orgueilleux, libre, malgré l'emprisonnement. Aucun regret de la Collaboration. Très fines critiques de la morale chrétienne. Des anticipations des débats d'aujourd'hui dans les indignations du personnage : l'omnipotence et le ridicule de la Gauche morale (les "Temps modernes" de Sartre à l'époque), ou encore la prétention des Américains à donner des leçons de morale au monde entier alors qu'ils ne se gênent pas pour massacrer des peuples ou faire la guerre impunément. De bonnes critiques littéraires : enfin, un Français qui ose dire son compte à Pascal, ça fait plaisir.
On peut retenir aussi de ce journal l'importance critique de ce que son auteur appelle la "Conscience Universelle", soit la morale humanitaire post-1945. Cousteau imagine une telle conscience impossible dans les guerres d'antan, alors qu'elles étaient tout aussi féroces, meurtrières et injustes que la guerre 39-45 : ce qui prouve que la morale victimaire a fait des progrès et s'est imposé. Cousteau met notamment en perspective les guerres napoléoniennes et celle d'Hitler : jamais on aurait osé condamné pour "crimes de guerre" Napoléon et ses généraux à son époque car la guerre faisait alors partie de la vie, était une composante accepté par les populations, fatalement et même virilement, parfois avec enthousiasme, contrairement à la sensiblerie actuelle post-1945. Ce en quoi l'auteur rejoint une certaine critique de la modernité qu'un Nietzsche n'aurait pas renié.
On attend les rééditions suivantes.