A partir des quelques maigres sources dont on dispose aujourd’hui sur la vie de Velasquez, Elizabeth Borton de Treviño invente l’autobiographie rêvée de Juan de Pareja, l’esclave Maure du célèbre peintre espagnol. Réinventer les blancs et les mystères de la vie de Velasquez était une idée séduisante, dans l’idée d’en tirer un roman pour la jeunesse. La narration découpée en quinze épisodes peut sembler un peu décousue, mais c’est une formule efficace pour raconter une vie tout entière. Le style est clair sans être alambiqué.

Mais l’auteur veut faire de ce livre un manifeste de tolérance : montrer comment l’esclave Noir et le maître Blanc sont devenus amis, comment l’un a accordé sa liberté à l’autre, et comment Juan devient finalement le compagnon du Roi d’Espagne lui-même. Ce livre veut porter une vision contemporaine sur ces hommes du passé, et il y a même quelques très bonnes idées, comme Juan qui veut peindre la Sainte Vierge et finit par faire le portrait d’une « Madone Noire ». Il y a aussi le personnage de Lolis, l’esclave Noire qui méprise les Blancs.

Malheureusement Elizabeth Borton de Treviño se trompe dans sa représentation de Juan de Pareja : un Noir herculéen mais doux, fidèle et discret, ami des animaux et connaisseur des herbes médicinales qui lui rappellent son pays lointain ... cela ressemble à une vision franchement datée du bon esclave noir, et bien que le bouquin ait été écrit dans les années 1960, on le renverrait volontiers vingt ou trente ans en arrière.

Pour un livre qui voulait dépasser les écueils du racisme, c’est un peu le serpent qui se mord la queue. Peut-être à la pointe de la tolérance en 1965, mais plus aujourd’hui...
Wakapou
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le 26 déc. 2013

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