L'Adolescent est le troisième tome du roman Jean-Christophe, pierre fondatrice de l'oeuvre de Romain Rolland.
Ce tome s'ouvre sur le deuil du père du héros, et après le premier dialogue avec celui-ci, sur le sens de la vie et du bonheur.
Jean-Christophe et sa mère sont contraint de s'installer chez la famille Vogel famille amis du défunt grand-père de Jean-Christophe pour des raisons financières. Après un début calme, les relations se détériorent rapidement entre l'impétueux pianiste et la famille médiocre et méprisante.
Comme les autres tomes, l'ouvrage suit un rythme ternaire, chaque sous partie nous présentant toujours un nouveau protagoniste. Le musicien prodige poursuit sa croissance. Il connaîtra ici deux nouveaux amours à l'issue pas franchement plus heureuse que le premier, dans le Matin.
En parallèle cette biographie fictive, un peu trop linéaire, où chaque personnage apparaît puis s'efface, Rolland nous offre une réflexion un peu plus poussé sur le sens du devoir et du travail.
L'Adolescent permet l'opposition entre Amalia Vogel, acariâtre et besogneuse maîtresse de maison à la belle, bienveillante mais paresseuse Sabine.
La première témoigne un mépris infinie pour la seconde qui ne fait jamais rien. Mépris renforcé par l'affection que tout le monde a pour Sabine. Quel modèle choisir entre faire son devoir et une vie sereine et généreuse ? C'est la joie dans le travail et dans l'effort que cherche Jean-Christophe, qui accusera Amalia de montrer un tel visage de la vertus qu'elle en fait désirer le vice.
On notera au passage la figure bonne mais malheureuse de Rosa Vogel, malheureuse en amour, mais constante dans sa discrétion et dans sa bienveillance. Elle m'évoque un reflet de Natacha, la cousine des Rostov de Guerre et paix qui la rejoint sur tous ces points. Car Rolland a été un admirateur et biographe de Tolstoï
L'Adolescent se termine par un second dialogue fondateur, cette fois entre Jean-Christophe et son Oncle Gottlieb. et qui est un appel au réalisme. Vouloir et vivre cela fait deux.
Le héros est celui qui fait ce qu'il peut, c'est ce que les autres ne font pas. Cela est peut-être trop peu pour Christophe ou pour le lecteur, mais que l'on soir fort ou faible, il faudra bien tacher d'être heureux.
Belle résolution à cette question de l'effort posée par l'affrontement entre Amalia et Sabine.