Les livres sur le Christ pullulent, en étant rarement de bonne qualité. Par bonne qualité j'entends, un minimum "universitaire", c'est à dire basé sur une bonne connaissance des débats, de la science des religions, de la théologie, etc. Ici, nous ne sommes pas non plus dans un ouvrage inaccessible aux non spécialistes. L'auteur affiche clairement son ambition de vulgariser, sans tomber dans le simplisme.
Ici, il s'agit pour l'auteur de retracer la naissance de la mémoire de Jésus Christ. Pas tellement de donner un aperçu de la vie de Jésus, bien que le sujet apparaisse forcément.
Par mémoire, on entend ici à la fois le processus individuel, et les processus collectifs. Aussi, Ehrman fait il preuve d'une grande interdisciplinarité. On retrouve dans les notes de bas de pages, à la fois des ouvrages d'histoire du christianisme, mais aussi de la psychologie cognitive, de la sociologie.
Ehrman montre que, comme tout les événements la vie du Christ est reconstruite à posteriori. Par les 4 évangélistes, qui n'étaient pas, à proprement parler, et comme on le croit trop souvent des apôtres direct de Jésus Christ, par les textes apocryphes (c'est à dire tout les textes étant considéré depuis comme "hérétique") mais aussi par les récits (là on rentre dans un terrain favorable à la spéculation) qu'on dit les premiers chrétiens sur Jésus. L'étude de la mémoire collective, notamment celle entreprise par Halbwachs, montre que la mémoire intervient toujours dans un cadre sociale, tout comme la formation des rumeurs, etc.
On peut douter que des découvertes archéologiques majeurs de nouveaux documents (comme on a put le voir avec les manuscrits de la Mer Morte), modifierait profondément la vision de Jésus des croyants, mais peut être aussi des chercheurs.