Jonas dans le ventre du poisson

Avec le livre de Jonas, on sort un peu de la routine du pêle-mêle d'imprécations poétiques. Un véritable récit d'aventures nous est offert.

L'originalité est ici qu'un dialogue personnel s'établit entre Iahvé et le prophète qui désobéit à sa consigne d'aller à Ninive plutôt qu'à Tarsis. Cette désobéissance pourrait fort bien déligitimer le statut de prophète de Jonas, qui se mêle de redresser les torts des autres.

C'est ici que se situe, dans la Bible, l'épisode célébrissime de Jonas avalé par un gros poisson (personne ne parle d'une baleine) au cours d'une tempête liée au courroux de Iahvé. Ce séjour dans l'intimité d'un monstre marin pendant trois jours renvoie à la fois au Léviathan; à la nuit symbolique au cours de laquelle le fidèle est confronté à la perte de sens, et au travail intérieur de rédemption et de recherche de la lumière divine (thème repris de nombreuses fois par les mystiques, par l'alchimie - nigredo - et traité par Carl-Gustav Jung); aux trois jours que passera le Christ au tombeau entre sa mort et sa résurrection, dont de nombreuses inférences théologiques ont été tirées par la suite. Dans le livre, seul le séjour de Jonas dans le ventre du poisson est traité sur le mode poétique.

Le dialogue entre Jonas et Iahvé reprend ensuite à propos du ricin desséché.On est un peu dans le même ton que Job lors de son questionnement. La portée morale du récit est que la Providence divine ne s'étend pas seulement aux Juifs, mais encore aux étrangers qui se repentent et qui croient en Dieu.

Cette anecdote édifiante annonce le style des paraboles évangéliques.