Journal par Cyril T

Je suis tombé en admiration devant l’œuvre de Paul Klee lors de la grande rétrospective du Centre Pompidou en 2016. Histoire de poursuivre ma découverte, j’ai craqué en sortant de la très bonne exposition Klee présentée l’an dernier au LAM pour ce journal, publié par Felix, le fils de Klee en 1956 et qui compile 4 carnets tenus par Klee jusqu’à la fin de la première guerre mondiale, juste avant donc le début de sa grande reconnaissance critique et publique qui en fera un artiste admiré de l’entre-deux guerres.

Pas conçu pour être publié mais tout de même relu au moment d’en former une sorte de version définitive (Klee commençant à recopier ses journaux dans les carnets utilisés par Felix en 1911), ce journal se démarque par sa simplicité : peu de théorie artistique (Klee reconnaît, dans un des dernières entrées, sa répugnance à théoriser), mais la recension au jour le jour de ce que Klee lit, voit, écoute. On y découvre ainsi un grand amateur de musique, le violon étant sa première pratique artistique, et on y suit avec précision quelques grands voyages formateurs pour son esthétique : à Rome et Florence où il découvre, suivant un circuit incontournable, les maîtres de la peinture Renaissance, et plus tard à Tunis, dont les paysages vont changer durablement sa peinture. On suit aussi la genèse de quelques œuvres de jeunesse, notamment le premier recueil des gravures satiriques, et les contacts entretenus avec quelques confrères estimés, au premier rangs desquels Kandinsky, Marc et Macke, fondateurs du Cavalier Bleu.

Le tout se révèle parfois quelque peu elliptique - peu de place à l’intimité, et certaines années semblent se dérouler en quelques paragraphes - mais est mené dans un style habile, clair et où affleure l’ironie chère au peintre, qui donnait son titre à l’expo du Centre Pompidou. A recommander donc surtout à celles et ceux qui ont déjà bien arpenté l’œuvre peint de Klee, et qui souhaitent se mettre un peu plus sous la dent.