En 2005, journaliste au Progrès, journal tchadien et correspondant de Syfia-International, Ahmat Zéïdane Bichara découvre par hasard un camp d'endoctrinement dans les faubourgs de N'Djamena. Révolté par cette découverte, il dénonce dans un papier le calvaire et les maltraitances infligés aux enfants réputés indociles et aux épouses récalcitrantes. Repris par une vingtaine de journaux internationaux, son article « Centre de dressage pour les enfants et les épouses » interpelle un journaliste de France 2 qui lui demande de filmer clandestinement l'un de ces camps. Le reportage sera diffusé en septembre 2005, dans l'émission Envoyé Spécial. Accusé d'avoir sali l'image du Tchad et de l'Islam, Ahmat Zéïdane Bichara devient la cible des milieux islamistes tchadiens. Menacé de mort, il est contraint à l'exil en octobre 2005. Avec l'aide de Reporter sans frontière, il gagne la France, où loin des siens, il lui faut apprendre à reconstruire sa vie, dans un pays où il n'est pas attendu. « Réfugié politique, c'est tout sauf un refuge », remarque Robert Ménard, qui signe la préface. « Souvent triste, parfois difficile à entendre pour ceux qui voient encore la France comme une grande sœur, son histoire révèle les aspects les moins connus du parcours de ces hommes et de ces femmes dont la trajectoire croise, un jour, l'Office Français de Protection des Réfugiés et apatrides (OFPRA) » poursuit le secrétaire général de Reporters sans frontières. Ahmat Zéïdane Bichara s'en aperçoit bien vite, la France n'est pas tout à fait la terre promise. Pour gagner le droit de vivre dignement, il apprend à s'acquitter des sacro-saintes procédures administratives, qui hantent le quotidien de tous les demandeurs d'asile. Mais ce livre n'est pas un réquisitoire. Entre étonnement et regard sans concession sur le Paris d'aujourd'hui, il propose un témoignage déconcertant et sans détour du quotidien tragi-comique d'un candidat à l'immigration. Un œil neuf et sans complaisance qui nous invite à découvrir une France peu accueillante, froide et indifférente. Au gré de ses expériences, il nous parle sans détour de sa solitude, de sa nostalgie du pays, du poids culturel, de la précarité et du racisme ambiant, de ses espoirs, de ses souffrances et de tout ce qui jalonne son parcours d'immigrant. Rien qu'une chronique de l'indifférence ordinaire, couplée d'une analyse impartiale et souvent inédite des malheurs du continent africain.
Pour ses prises de position, Ahmat Zéïdane Bichara a remporté en mars 2006 le prix du journalisme « Lorenzo Netali » décerné par la Commission européenne.
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le 19 mai 2010

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