Justine
7.5
Justine

livre de Lawrence Durrell (1957)

Il y aurait de belles pages d'histoire culturelle à écrire sur le mouvement qui a amené des générations d'Européens du nord — anglais, flamands, scandinaves, etc. — à gagner le Sud et sa lumière chaude. Les barres de béton de l'Algarve et de la Costa Dorada sont les héritières d'une vieille fascination, à laquelle ont communié les visiteurs du Grand Tour aussi bien que les touristes allemands du XXIe siècle. Le narrateur de Justine est un de ces nordiques échoués sur des rivages lointains. Il revit son passé à Alexandrie depuis une île grecque (peut-être la Phraxos de John Fowles ?). De ce passé peuplé d'ombres variées, une d'entre elles se distingue : celle de Justine, avec qui le narrateur a vécu une histoire d'amour passionnée. L. Durrell livre cette histoire dans une prose dense voire touffue, qui marche parfois à deux pas du ridicule (“We were all there, so to speak, in the misty solution of everyday life out of which futurity was to crystallize whatever drama lay ahead” !). En ajoutant à cela les rêveries du narrateur, qui passe d'un sujet à l'autre sans beaucoup d'égards pour la chronologie, le début de Justine est parfois assez pénible.


Reste que L. Durrell révèle progressivement ses cartes de conteur talentueux. D'abord, il campe ses personnages avec beaucoup d'intensité, par quelques descriptions bien senties. Ensuite, il sait créer un suspens assez implacable à la fin de l'œuvre, lorsque le narrateur craint pour sa vie, et une belle atmosphère douce-amère à l'occasion du dénouement. Malgré les excès, on ressort donc curieux du premier opus du Quartet d'Alexandrie, certainement assez pour rééditer l'expérience en découvrant sa suite immédiate, Balthazar.

Venantius
6
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Lu en 2019

Créée

le 14 juin 2019

Critique lue 389 fois

2 j'aime

3 commentaires

Venantius

Écrit par

Critique lue 389 fois

2
3

D'autres avis sur Justine

Justine
NathalieN
2

Alexendrie Alexandra...

Ennui. je m'attendais à une explosition de couleur sur la description d'Alexandrie, à être emportée par des sentiments indociles et je me suis retrouvée dans un lieu sans magie et surtout avec des...

le 2 mai 2013

1 j'aime

3

Du même critique

La Loi du sang
Venantius
7

Critique de La Loi du sang par Venantius

La Loi du sang propose une synthèse de la vision du monde nazie, comme le résume curieusement son sous-titre, “Penser et agir en nazi” (on se sent obligé, lisant le livre en public, de préciser à ses...

le 19 janv. 2019

10 j'aime

7

Diadorim
Venantius
10

Marcel Proust rencontre Sergio Leone

Diadorim est l'unique roman de l'auteur brésilien João Guimarães Rosa. Son titre portugais, Grande Sertão: Veredas, a la caractéristique de contenir deux mots intraduisibles sur trois — le sertão,...

le 18 févr. 2018

10 j'aime

4

Middlemarch
Venantius
8

Cinq mariages et un enterrement

Middlemarch est à la fois intimidant par son volume, et étonnamment simple malgré lui. Son millier de pages n’est pas prétexte à la multiplication des personnages — bien que le dramatis personae de...

le 4 avr. 2020

9 j'aime

3