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L'Art de perdre
8.2
L'Art de perdre

livre de Alice Zeniter (2017)

"Elle ne veut plus partir d'ici. Elle veut absolument rentrer chez elle."


L'histoire de Naima est celle d'Alice Zeniter.
Celle des enfants et petits enfants de Harkis ou assimilés.
Celle d'une personne pour qui la Méditerranée peut être frontière ou pont.


A travers l'épopée d'Ali et sa descendance, s'ouvrent au lecteur des perspectives sur de multiples conflits :
- celui entre la France coloniale et la future Algérie indépendante,
- celui entre indépendantistes,
- celui entre l'Algérie devenue indépendante et les Harkis
- celui - intérieur - entre les Français rejetés et par la France et par l'Algérie.


C'est finalement ce conflit qui parlera à beaucoup d'immigrés des anciennes colonies françaises (ou enfants / petits-enfants de...).


Cet ouvrage est important pour la mémoire et donc la construction de la France car il a une portée historique.
A ce titre la première partie est sublime. Elle est centrée sur Ali et les événements qu'il vivra en Algérie. Le récit est émouvant et sans concessions.
J'ai lu ici ou là quelques polémiques sur le point de vue qu'elle a adopté, récit qui ferait la part trop belle aux atrocités perpétrées par le FLN et pas assez à celles commises par les Français. Polémiques anecdotiques et vaines : c'est ignorer le point de vue de l'artiste mais aussi de l'individu. C'est précisément cela que les procureurs ont du mal à comprendre et ne comprendront jamais.
- j'ai eu l'occasion d'aller à Alger et en Kabylie dans un village qui ressemble à 2 gouttes d'eau à celui qui nous est conté ; incroyable comme Alice Zeniter nous y transporte !
- l'Histoire algérienne post indépendance est complexe et doit s'épargner tout dualisme primaire pour achever sa construction.
C'est cela l'Art de perdre : la capacité des Perdants à participer au récit (des livres d'Histoire), récit traditionnellement écrit par les seuls Gagnants.


La seconde partie - tout aussi intéressante - est centrée sur Hamid, fils d'Ali. Elle explore la vie des Harkis en France et comment ils étaient autant rejetés par les Français que par les "bons" Algériens.
Cette partie nous rappelle qu'Alice Zeniter est avant tout une magnifique écrivaine.


La troisième partie s'axe sur la quête de Naima (petite fille d'Ali et fille d'Hamid).
De mon point de vue, la moins intéressante car :
- miroir de notre propre société française moderne,
- reflet d'une quête personnelle (Naima est Alice).
D'ailleurs l'auteur le dit elle-même :
"[...] il y a des états que l'on ne peut décrire comme ça [...], des états qui demanderaient des énoncés simultanés et contradictoires pour être cernés."

Raider55
8
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Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes En 2021, les livres de ma bibliothèque que je n'ai pas (eu) le courage de lire et Le Prix Goncourt des lycéens

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le 24 janv. 2021

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Raider55

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