L'Univers de la Sagesse

"L'Ecclésiastique ou le Siracide" est le sixième livre Deutérocanonique retenu dans l'édition de l'Ancien Testament de la Bibliothèque de La Pléiade.

Comme le "Livre de la Sagesse de Salomon", il traite, de manière lyrique mais assez décousue, de la Sagesse - parfois personnifiée -, de ses avantages et de son rapport avec Dieu. Le texte est grec, mais on a retrouvé des fragments d'un original en hébreu.

Des thèmes spécifiquement chrétiens y sont sensibles: ce livre a beaucoup influencé les auteurs du Nouveau Testament. Il déborde grandement l'histoire d'Israël par sa théologie universaliste, bien que sa conception morale soit fondée sur la Loi et sa philosophie de l'histoire sur les Prophètes.

La morale sexuelle y rejoint les effarouchements chrétiens: la femme est soit une charge (soit en tant que fille, soit en tant qu'épouse), soit une occasion de péché (prostitution, adultère).

L'introduction d'une affirmation du libre-arbitre humain aura des conséquences prolongées sur la théologie chrétienne, jusqu'aux polémiques entre Luther et Erasme.

Le Mal est distinct de Dieu, ce qui amène à chercher quel est l'agent étranger qui introduit le Mal dans le Monde. L'insensé est celui qui ne suit pas les règles de la Sagesse, et qui risque l'Hadès ou le Sheol.

Les listes numériques des béatitudes et des choses attristantes ont la vertu pédagogique des comptines, et des aides-mémoires tels que les affectionnent les Chinois et les Indiens. Elles anticipent les catalogages stéréotypés de la scolastique médiévale, ainsi que les les listes canoniques des sept péchés capitaux, etc.

Au chapitre XXIV, splendide et lyrique poème de la Sagesse se louant elle-même. Au chapitre XLIII, très beau poème sur les forces de la nature.

Le texte se présente sous forme de versets rythmés, agencés en sentences assez brèves, dont le ressac obstiné facilite la mémorisation et la fixation en formules proverbiales.

La Cinquième partie, en récapitulant l'action de Iahvé à travers Prophètes et Rois d'Israël, semble former une conclusion générale à tout l'édifice biblique juif.

Car c'est avec "L'Ecclésiastique ou le Siracide" que se clôt l'ensemble des livres canoniques de l'Ancien Testament de la Bible.