Total Eclipse of the Heart
En 2093, trente jeunes de la haute société et des responsables politiques gallois sont enlevés pour un jeu macabre. Cardiff mobilisera les meilleurs enquêteurs de ses services et fera appel à ceux de Londres : Yard, MI5, Brigade Haute (instance créee 26 ans plus tôt et toute puissante), dont le commissaire Arthur Cranway.
L'enquête mènera tout ce petit monde à travers un complot à l'échelle nationale, voire plus large encore, où chacun n'est que le pion de plusieurs autres et où les sentiments n'ont pas leur place (d'où le titre très inspiré de cette critique).
Clairement, j'ai été désarçonné au départ par la profusion de personnages, y compris les premiers rôles, par l'alternance de 3è personne omnisciente et de 1ère personne et par les flashbacks. Il m'a fallu revenir plusieurs fois en arrière pour me souvenir que machin est le pote de bidule et que l'un est flic l'autre procureur. Mais il s'agit de la première moitié du roman, de l'installation des protagonistes et de l'intrigue, alors que la seconde moitié est beaucoup plus linéaire et l'action et le suspense sont maintenus, même avec les changements de point de vue. Sans spoiler, on signalera que aussi qu'un certain écrémage des personnages par mort violente rend la lecture plus aisée ;)
Autre regret, la prospective n'est pas très développée : on subodore de gros changements politiques en Europe et dans le reste du monde (la Fédération, la Germanie, la Moscovie...) sans en avoir les détails. Un prologue plus développé ou une explication à la 1984 ou V pour Vendetta aurait été délectable. De même, on entrevoit des ruptures technologiques fortes, comme des armes de poing pas du tout autorisées par la Convention de Genève, des protections par champs magnétiques, des outils neurologiques d'interrogatoire, des hologrammes... Assez intéressé par le domaine j'aurais bien aimé un peu plus d'immersion. (mais c'est perso)
Bon, bon je dis du mal mais il y a du très bon à signaler aussi, hein !
Pas mal de bons mots, j'ai particulièrement apprécié Philips, le légiste et son "il est doué votre meurtrier : il sait être bourrin et méticuleux en même temps. Moi, j'aime ça." Et moi aussi du coup. Quelques petites allusions historiques (dues au cursus de l'auteur ?) comme celle à Churchill et "choisir entre la honte et la guerre". Très appréciable.
Et puis l'essentiel : on est dans un polar sombre, bien ficelé, qui nous tient durant ses 420 pages malgré son démarrage touffu, et pour ça il remplit très bien sa mission. Essai transformé, bravo monsieur Fortuna ! Continuez comme ça !
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