L'Hiver du monde, suite directe de La chute des géants dans la future trilogie Le Siècle de Ken Follett se plonge cette fois ci dans les affres de la seconde guerre mondiale, de ses prémisses en 1933 jusqu'à ses conséquences immédiates préfigurant la guerre froide en 1949.
Si on retrouve la plupart des personnages du premier opus, leur rôle est pour la majorité d'entre eux anecdotique, c'est bien leur descendance qui se retrouve au cœur de l'action, répartie entre l'Allemagne, l'URSS, la Grande Bretagne et les Etats-Unis (comme pour le précédent opus, n'espérez pas un paragraphe sur la France).
Comme pour le précédent opus, Ken Follett mélange habilement faits historiques et fiction, glissant partout où il peut ses héros dans les rouages de l'Histoire, sur fond de diplomatie et l'espionnage. L'émulsion n'est parfois pas très finaude, mais globalement, ça tient la route. On sent cependant que l'intérêt de Ken Follett est bien de dépeindre des anonymes pris dans les horreurs de la guerre et du fascisme, en aucun cas d'accumuler les dates et les personnages historiques. Ne vous offusquez donc pas des nombreuses ellipses réalisées.
Lu dans la foulée de La chute des géants, L'hiver du monde tient globalement ses promesses. Le roman tient à peu près son lecteur en haleine, bien que le scénario déployé soit moins équilibré que son prédécesseur dans le jeu des intrigues parallèles. La fameuse descendance est à l'image de leurs aïeuls, manichéenne, idéaliste et concernée par le sort de l'humanité toute entière, entraînée dans des histoires sentimentales prévisibles et peu crédibles...
Finalement, le plus gros reproche que je pourrais à L'Hiver du monde est spécieux. La seconde guerre mondiale est un univers historique particulièrement effroyable à visiter par rapport à celui de la Grande Guerre encore portée par des restes d'idéaux. Ken Follett ne nous épargne rien, sa plume directe et incisive mettant parfois mal à l'aise. Je le remercie en tout cas d'avoir pris le temps d'évoquer en longueur la guerre d'Espagne, épisode trop souvent oublié dans la période d'entre-deux-guerres.