Ruth, une vieille dame, vit seule avec ses chats sur la côte australienne. Son dos la fait souffrir et son esprit bat parfois la campagne. La nuit, il lui arrive de sentir la présence d'un tigre dans sa maison. Survient une aide-ménagère qui dit avoir été envoyée par le gouvernement. Voilà, avec aussi peu d'ingrédients, le premier roman de Fiona McFarlane tient en haleine sur 269 pages d'autant que la quatrième de couverture nous prévient : tout va finir mal. Lentement et sourdement, L'invité du soir devient un thriller en huis-clos dont on ne sait trop où se situe la vérité. La romancière nous donne un seul point de vue, celui de Ruth, dont le moins que l'on puisse dire est qu'il est loin d'être fiable. Avec son style faussement réaliste, Fiona McFarlane fraie très souvent avec le fantastique voire l'horreur. Mais cet effroi reste ouaté et constamment en conflit avec une narration qui se veut le plus souvent concrète. Un tour de force maîtrisé bien qu'il y ait une certaine lenteur dans l'exposition des faits. Lesquels, l'on s'en rend compte au fur et à mesure, sont moins clairs qu'il n'y parait. L'invité du soir est un livre sur la vieillesse, sur la mémoire qui flanche, sur la dépendance et sur la manipulation. Et aussi sur les démons, tigrés ou non, qui peuplent nos nuits.