Troisième opus de la saga des "Gens de Saint-Libéral".
Ce troisième tome est celui de Jacques, fils de Pierre-Edouard qui achèvera sa vie dans ce livre après avoir passé le relais à son fils Jacques.
On retrouve donc le village corrézien de Saint-Libéral, encore un peu plus dépeuplé où ne résident plus que des "vieux" à part les rares qui s'acharnent à cultiver et élever du bétail. Mais les enfants de la famille Vialhe, comme dans les tomes précédents s'ingénient à partir pour voir ailleurs et se faire leur propre expérience. Heureusement, ils sont comme les engoulevents, ces oiseaux migrateurs qui finissent par revenir à l'endroit où ils sont nés.
Encore une fois c'est un beau roman (qu'on ne lâche toujours pas facilement) où Michelet (qui fut agriculteur par choix et conviction) ne perd pas l'occasion du roman pour mettre en avant les difficultés économiques que rencontrent les petits agriculteurs de ces régions montagneuses. En effet, il n'y a pas les surfaces ni les rendements des régions situées au-dessus de la Loire. Là, pour survivre, il ne faut pas hésiter à se remettre en question, s'adapter, se moderniser mais aussi s'endetter.
Les années 70 amènent même chez les Vialhe l'émancipation, la libéralisation des mœurs.
"De notre temps, on était quand même moins dégourdis que les jeunes de maintenant. Si je me souviens bien, fallait compter neuf mois après les noces pour faire un beau petit. Mais dame, avec le progrès, tout va si vite maintenant. Six ou sept mois suffisent aujourd'hui".
Comme dans ses autres romans, Michelet porte haut le dicton "tant qu'il y a de la vie, il y a de l'espoir". En effet, la vie peut être très dure avec des difficultés a priori insurmontables mais la famille avec les joies simples portées par les mariages et les naissances, la solidarité apportée en cas de coup dur font que ça vaut toujours le coup de se battre. Et comme toujours chez Michelet, le roman va se terminer par une note d'espoir par une nouvelle naissance.
Les personnages du roman sont toujours aussi attachants de Mathilde, désormais l'aïeule , à Josyane, la petite qui va au bout du monde pour y trouver son futur mari qui se trouve avoir de lointaines racines corréziennes. Non, on n'échappe décidément pas facilement à la Corrèze !!
Le style est toujours aussi agréable et chaleureux à lire. On se passionne à suivre les histoires de ces gens si profondément attachés à leur terre.
A bientôt pour le quatrième volet de la saga, qui parle justement de "La terre des Vialhe"...