DEAD MEN TELL NO TALES
Ouf ! Quel bonheur de suivre une jeune héroïne forte, intrépide, intelligente ! Au XIXème siècle, en Cornouailles, Mary Yellan est arrachée à son village natal Helston à la mort de sa mère pour...
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le 15 mai 2017
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Elle est poignante, émouvante et tragique, l'histoire de ce garde-forestier de Bavière et d'un jeune muletier landais. Cruellement blessé aux Epargnes, en 1915, celui-ci se retrouve avec un "pépé" allemand, dans un trou d'obus et, pour abréger ses souffrances, implore son ennemi de l'achever :
"Promets-moi d'aller, après la guerre, porter mes papiers à ma mère et de lui dire ce qui est arrivé."
Hans Kohler tiendra sa promesse, partira à pied pour Les Landes. Il y rencontrera un berger étonnant et réalisera le rêve de sa vie : découvrir l'océan. Et puis, esseulé, désemparé, il deviendra ce trimardeur qu'accueillera, pendant plusieurs années, sous le nom de Haps, une famille landaise.
Parti comme il était venu, dans le mystère le plus épais, Haps à la grande barbe revivra soudain dans le souvenir de ces fermiers landais lorsqu'un jour de 1942, en pleine Occupation...
Laisse moi m'endormir dans l'air que je respire. Si je me réveillais riche, un matin, je regarderais mes brebis avec des yeux différents. Je ne ressentirais plus la même joie renaître. Je ne guetterais plus l'Aube du soir, ces courtes minutes où, avant de plier leurs ailes, les bécasses frôlent la nuit qui s'avance. Aube du soir... Aube du soir... Ces mots vous étonnent. L'aube fait penser au matin, à l'aurore, au coq qui chante. mais le soir aussi fabrique sa propre lumière. C'est une lueur très brève, comme une fenêtre qu'on ouvre et qu'on referme aussitôt. On dirait que le jour, tout prêt à disparaître, parlemente avec la nuit.
L'Aube du Soir est un roman et pourtant l'histoire qui lui a servi de trame est en grande partie véridique. Ce livre, porté par une écriture admirable, est en même temps un hymne à la forêt landaise et à l'océan.
Ailleurs il me semble que je ne vivrais plus, que je ne respirerais plus tout à fait. Un blaireau n'est heureux que dans son terrier.
L'auteur, Louis Dartigues, est né près de ses rivages, en 1922. Journalise au "Soir de Bordeaux" dès 1948 puis à "Sud Ouest" de 1954 à 1981, Louis Dartigues était une figure de la rédaction. Il est étudiant en histoire lorsque survient la guerre. Il entrera bientôt en résistance dans le groupement Léon des Landes de l'Armée secrète. Après la Libération, il rejoindra l'armée régulière jusqu'à ce qu'en décembre 1944 une rafale de pistolet-mitrailleur le laisse pour mort. Il survivra, mettra quatre années à s'en relever et, revenant à la vie civile, deviendra journaliste, aussi compétent dans le domaine sportif que géostratégique. Ancien rédacteur en chef de "Sud Ouest Dimanche", Gérard Fieux, qui fut son ami, l'évoque en ces termes : "Louis était un homme de grande qualité, mais on ne le savait pas assez, il était fin, sensible, d'une immense culture, modeste et silencieux. il était un passionné de rugby, amoureux de la nature, un homme d'observation, respectueux de la terre et des animaux, pratiquant la chasse et la pêche comme on peut vivre en soi une religion. Il aimait la forêt et les étangs, les pins serrés et la lande sauvage, l'odeur de la résine et de la terre mouillée, il aimait ce qui était authentique et avait la foi à fleur de peau. Sans cesse il interrogeait le ciel et la vitesse des nuages, il s'émerveillait devant un coucher de soleil, la couleur des bruyères, le reflet des étoiles sur le lac de Sanguinet. Sans cesse, Louis disait "Tu te rends compte !", comme un enfant qui découvre pour la première fois et veut partager son émotion. La nuit dans la tonne, en attendant les canards, je l'entendait engueuler les nuages parce qu'ils cachaient la Lune, il tutoyait et calmait les appelants malmenés par les vagues poussées par le vent d'ouest. Lui qui avait une voix caverneuse, il prenait alors un timbre haut perché, presque suraigu, comme dans la cour de récréation. Au journal, Louis ne faisait pas de bruit, il possédait une très belle plume et sans le savoir, provoquait des jalousies. Louis ne voyait ni le mal ni le laid, il était bon, tolérant, il était humble, surtout pas naïf. Et il avait une sainte horreur des injustices et sa voix alors grondait comme un orage qui monte."
La pendule des muletiers, c'est le soleil. Si tu as besoin un jour d'une montre, sache que tu n'es plus un homme libre.
Poutic, un baiser...
Elle appuyait sa bicyclette contre l'un des tamaris bordant la barrière en bois de pin, puis avançait de quelques pas sur l'airial, à l'herbe dure et rase, que le sable dévorait par plaques. C'est alors qu'elle ressentait une joie inexprimable, presque enfantine, et qu'elle respirait l'air léger et parfumé des matinées de vacances.
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Créée
le 24 avr. 2017
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