Tchécoslovaquie de la fin des années 1980

Dans la Tchécoslovaquie de la fin des années 1980, une adolescente solitaire, élevée dans une famille dysfonctionnelle exclusivement féminine, trouve refuge dans sa perception onirique du monde et, surtout, dans un centre équestre où elle découvre l’amitié et la pratique de la voltige au sein d’une équipe. La chute du régime communiste en 1989 et l’ouverture du pays à l’économie de marché viennent toutefois brutalement anéantir les projets de compétition sportive de la jeune fille.


Ce court et étonnant roman au style âpre et direct, pour ne pas dire cru, est l’histoire métaphorique de deux émancipations pleines d’espoir, qui sombrent l’une comme l’autre dans la désillusion et l’amertume. Tandis que la tendre adolescente découvre les cruautés de la vie et voit fondre ses rêves, l’ex-Tchécoslovaquie troque ses barbelés contre la cage dorée d’une société de consommation individualiste en manque d’idéal.


Comme souvent dans les pays de l’Est soviétique où sévit une surmortalité masculine, les femmes ont dans cette histoire l’habitude de se débrouiller seules face à l’absence, la violence ou l’alcoolisme des hommes. Dans cette société autoritaire et refermée sur elle-même, les personnages apparaissent finalement tous aussi cabossés les uns que les autres. Marginaux, inadaptés, mais plutôt solidaires, ils parviennent toutefois tant bien que mal à trouver leur place et à subsister. Cela leur devient bien plus compliqué lorsque le chacun pour soi franchit le rideau de fer et les laisse sur le carreau de la compétitivité, anéantissant leurs naïfs espoirs d’une vie meilleure. Il n’est pas jusqu’au vieux et fidèle Cyril, le cheval de voltige, qui ne se retrouve tristement condamné à la boucherie...


Ce récit sombre et amer, dont la causticité s’assortit de pépites de tendresse et de poésie, est le saisissant instantané de la fin d’un monde qui renaît sous une autre loi du plus fort, avec son même lot de laissés-pour-compte.


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Cannetille
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le 30 oct. 2020

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