Il s’agit d’un récit poétique et qui traite de problématiques très actuelles, donc je pense qu’il peut plaire aux plus réfractaires à la poésie. Un homme fait un pacte avec le diable. Ce dernier lui accorde de pouvoir changer de sexe, d’époque, de lieu ou de couleur d’un simple clignement de paupière. Alors il assiste à la guerre et il doit dire la mort. Il évoque les noms des villes martyres comme Sarajevo ou Alep.
Le texte a une très grande puissance évocatrice et immerge très vite le lecteur. J’ai lu ce texte presque en apnée, scotchée aux mot. C’est d’une beauté folle. Le récit est divisé en deux parties, l’œil droit et l’œil gauche. La première partie évoque le pacte fait par le jeune homme avec le diable. Il nous parle de son enfance, de son parcours et de son tiraillement entre le bien et le mal. La seconde partie raconte les horreurs de la guerre auxquelles doit faire face le jeune homme. Le style est différent, plus rapide encore. Il nous parle de morts, de génocides et de haine.
C’est une lecture frénétique et rythmé car les vers sont courts et les pages du livre se tournent vite. L’auteur cherche ainsi à évoquer le fracas de la guerre. Il reprend le rythme effréné du train à la manière de Blaise Cendrars. On lit ce livre dans un état d’urgence. Le mots disent la haine et la douleur mais les mots eux-même peuvent aussi la provoquer.
mots incendies
horizon de métal
martelé
par des poings de cuir
Il y a un passage qui parle de la lecture et de ce qu’elle suscite que j’ai particuliérement aimé. Le narrateur évoque comment, alors qu’il était enfant, le réel lui semblait insatisfaisant. Il lui préférait les histoires et son imaginaire sans limite.
Le livre terminé
je suis hanté
par des châteaux brumeux
des bals masqués
en des contrées rêvees
des histoires d’amour
et des coups de feu
La fiction
provoque en duel
le réel
C’est un texte que je relirai à coup sur !