Je veux tout d'abord remercier chaleureusement Babelio et la splendide maison d'édition Picquier pour m'avoir fait découvrir ce roman.
Là, on l'on s'attendrait à une "confession d'accro au shopping" à la sauce nippone, c'est une surprise de taille que ce roman. Une descente aux enfers par addiction sur fond de surendettement, prostitution et secrets. Cette spirale du mensonge emporte l'héroïne dans un gouffre qu'elle nomme "makura", un état d'hébétude et de tristesse extrême. Des scènes parfois choquantes, émouvantes qui ne laissent en aucun cas indifférent. Un traitement intéressant du thème de l'addiction, peu ou pas abordée du point de vue vestimentaire. L'auteur décortique le cheminement psychologique de l'addiction (le déni, l'abandon, le renoncement, la joie intense quand l'addiction est satisfaite, le caractère éphémère de cette joie, la culpabilité et ainsi de suite comme un éternel recommencement).
L'écriture est limpide, claire et parfois crue. Les personnages secondaires qui gravitent autour de Kayo sont complexes et perturbants. L'auteur n'épargne personne dans ce monde où tous les gens ont un côté sombre (j'ai été particulièrement surprise par Ryu de ce point de vue).
Un roman qui laisse un certain malaise au coeur, l'empathie pour les personnages rend nauséeux face à leurs comportements contradictoires et excessifs. Un parfait contraste entre la société japonaise actuelle si standardisée et normée et les dérives énormes qu'elle provoque dans ce récit.
Mes scènes préférées : l'"oasis" de quiétude du séjour au temple, la révélation de l'interlocuteur de Kayo (à qui elle raconte son histoire).
Bref, ce roman est un lotus, une merveille ancrée dans des racines fangeuses et obscures.