La fièvre de l'or
La conquête des îles de la Terre Ferme.... commence dans l'innocence, la quête de soi, l'envie de découvrir le monde (au sens générique du terme), pour un adolescent né en Estrémadure, 20 ans après...
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La conquête de l'empire Aztèque par Cortès et sa petite troupe reste la plus improbable réussite du genre. Son mystère est celui du choc des civilisations, cette incompréhension mutuelle qui conduisit à la ruine puis au désastre les indiens, à la richesse puis à la Gloire cette bande de con- quistadores.
De sa langue précise, puissante, alternant grandes scènes de bataille effroyables et moment d'intimité, de lucidité où se dévoile en coulisses le fond des âmes, pures ou non reluisantes des acteurs de ce théâtre, Jenni relève le défi de mettre sa plume dans les pas de ces êtres, cultivant l'art du contraste avec constance et un certain acharnement du chercheur d'or cherchant à faire jaillir la vérité humaine de sa plume dure comme de l'obsidienne. Décrire des indiens si propres dont les prêtres sont souillés jusqu' à la moelle de la crasse humaine de leurs sacrifiés quotidiens face à des espagnols, crasseux la parole de Dieu ou du Roi en bouche et leur désir violent de conquête, de viol, qui finit en saccage de Mexico, en attendant le reste...Ils ont tout détruits, voilà pourquoi ils ont réussi. Prêts à tout face à un Empire trop bien installé pour envisager cette éventualité. Ils ne le savaient pas eux-mêmes que c'était le seul moyen, l' inventant au fur et à mesure de leur conquête qui était du Tout ou Rien. Se sentir assiégé dans la plus grande ville qu'il aient jamais connu au coeur d'un monde peu déchiffrable à leur esprit fut un puissant aiguillon à cet engrenage. En sus, l'inconscience les mena, et si la mort en faucha beaucoup, elle rendit amers ou vides les autres. L'appétit d'or et de mort viennent en mangeant et rien ne peut le rassasier.
De l' Histoire à l'histoire Jenni accomplit ce geste de nous emporter plus loin que nous aurions imaginé. Enrichi de la tradition des romans de chevaleries Cortès et son acolyte Innocent font toutefois davantage songer à un Pança et un Quichotte en miroirs inversés, parvenant à transformer leurs rêves en or de réalité.L'un s'est vidé à réussir là où l'autre porté par les événements a trouvé cette place qu'il recherchait tant.
On en ressort essoré, nous étions avec eux, pari réussi de la plume lyrique et drue, sensorielle et à fleur d'âme de Jenni et son intelligence sans fausse note à nous mettre dans leurs chaussures, que dis-je leur peau de con-quérants. L'étendard de la foi et l'appât du gain comme moteurs, l'intelligence des hommes au jeu des probabilité et le pari du hasard comme celui de Dieu comme viatique ultime, Clausewitz n'aurait pas démenti, excepté cet ajout à l'équation de la guerre: l'amour comme voie de salut.
CQFD.
Créée
le 28 oct. 2020
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