L’homme qui se plaignait d’avoir vendu trop de livres pour qu’on le reconnaisse capable d’écrire le prochain Grand roman américain, n’en finit pas de les écrire.
Il a délaissé, cette fois, les cabinets d’avocats flamboyants, mais pas le Sud puisque c’est en Arkansas, dans les années 50, qu’il a planté son nouveau décor. Comme toujours, en partie autobiographique, Grisham nous raconte, par la voix du jeune Luke, la vie des paysans et des saisonniers, obligés de partager une promiscuité déplaisante durant les quelques semaines que durent la cueillette du coton. Enracinés jusqu’à l’absurde dans cette vie de misère et de privations, ces hommes et ces femmes vont se battre contre le temps et contre les pluies pour sauver la récolte qui ne peut pas être la dernière.
Avec son écriture simple et percutante, Grisham nous emmène, dans l’Amérique profonde, violente et raciste, dans ce monde de paysans, durs au mal et à l’âme pudique dont la seule distraction est la messe du dimanche et le base-ball à la radio, dans ce Sud où la seule douceur est celle du coton.
Des personnages solides et crédibles, ajoutés à des dialogues qui sonnent juste, rendent indispensable la lecture de ce roman, hommage à Steinbeck.