Mères perdues
Tout doit se jouer dans cet ultime épisode. Les personnages, qui ont maintenant bien évolué, doivent effectuer des choix de vie définitifs. Il se révèle que le choix majeur se situe entre la fuite...
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le 29 sept. 2012
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Méthodique, André de Lorde s'efforçait de choisir des sujets qui suscitaient le plus la peur et la répulsion chez les spectateurs. Comme on est en 1904, le souvenir du siège des légations occidentales de Pékin par les révoltés "Boxers" chinois (1900) avait fait sensation. L'affaire avait été réellement chaude, et sans une armée de secours, les Occidentaux, tous isolés dans leur légation, se croyaient tous les seuls survivants, attendant l'assaut final des fanatiques chinois qui, il est vrai, croyaient que les balles de fusils n'auraient aucun effet sur eux. A bout de forces et de vivres, les personnages présents ici dans la légation française songent à s'entretuer pour échapper aux épouvantables tortures chinoises.
Donc, André de Lorde convoque trois terreurs, assez datées : le souvenir de feu et de sang de cet épisode tragique; la réputation millénaire des Chinois d'exceller en tortures raffinées d'une extrême cruauté (les personnages en parlent); et le plus traditionnel "Péril Jaune", la peur d'être submergé par une horde de Barbares sans aucun sentiment d'humanité (on notera qu' André de Lorde, familier des fous qui massacrent aveuglément, les remplace tout bonnement ici par des Chinois).
Belle montée de l'angoisse des assiégés, et de leur désespoir (il vaut mieux qu'ils s'aident mutuellement à se suicider plutôt que de tomber aux mains des Chinois). Une scène de mutilation qui illustre le genre "Grand-Guignol". Et une horrible tragédie finale, moins sanglante que psychologique, qui parvient à faire naître le sentiment vers le quel André de Lorde oriente sa pièce : un désespoir absolu, nihiliste, sans recours.
Quand ce sentiment noir broie l'estomac des spectateurs, même plus besoin de massacrer tous les personnages...
Créée
le 25 avr. 2016
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