Dans un registre proche du récent livre de Cécile Vaissié (Les Réseaux du Kremlin en France), celui de Nicolas Hénin se propose de dévoiler la vaste nébuleuse de lobbys russes qui, avec la complicité de nombreux Français, tisserait, à l’en croire, sa toile dans l’Hexagone. Associations culturelles franco-russes, chambres de commerce, églises orthodoxes (bien plus redoutables que les mosquées salafistes, cela va sans dire !), groupes eurasistes, barbouzes, hauts gradés de l’armée française, hackers, communistes, royalistes, gaullistes : il y a un peu de tout dans ce grand complot, de Jacques Sapir à Thierry Mariani, de Jacques Nikonoff à Jean-Pierre Chevènement, du clan de Villiers à Roland Dumas, de Civitas au Lys Noir, de TV-Libertés au GRECE… « De même que l’on disait parfois du PCF qu’il n’était “ni à droite ni à gauche mais à l’Est”, cette sentence peut s’appliquer aujourd’hui au FN » écrit l’auteur, évoquant la proximité de Vladimir Jirinovski (président du Parti libéral-démocrate) et de Jean-Marie Le Pen ou rappelant que la fille de ce dernier avait été désignée comme la lobbyiste russe la plus influente de 2014 par le journal d’opposition Novaya Gazeta.
Le but de tous ces gens ? Saper l’axe franco-allemand, affaiblir l’Union européenne, mener une nouvelle guerre froide contre les Etats-Unis et servir la soupe à Vladimir Poutine. « L’objectif de cette guerre d’influence est de créer un lobby, de diviser les opinions publiques, mais aussi les pays européens entre eux, en misant sur les mouvements souverainistes de droite comme de gauche. » Et les Russes, paraît-il, ne reculent devant aucun moyen : financement des partis anti-système, espionnage, soutien à d’éventuels putschs militaires, déploiement d’un soft power révolutionnaire à base d’agences de presse, de radios en ligne et de sites internet. Il va sans dire qu’on attend avec impatience le même ouvrage consacré aux réseaux américains et israéliens en France !