Je suis presque certain que Joseph Delteil a écrit ce roman, ou plutôt ce conte, après avoir longuement observé un de ces bibelots faussement asiatiques en vogue au début du vingtième siècle, à savoir une petite jonque en porcelaine. Il s'est mis à l'imaginer en train de voguer, avec son équipage, son gréement, ses passagers, et surtout sa passagère. La trop séduisante Lâ qui fascine au-delà des eaux, au-delà des mots.
Cela me rappelle qu'une amie japonaise m'avait offert un bibelot du même genre, représentant une caravelle dont les voiles étaient faites en fausse écaille de tortue. Ceux qui liront ce livre trouveront cela amusant. Ceux qui le trouveront devrai-je plutôt dire.
Mais ne nous emballons pas. C'est délicat, poétique, brutal parfois, tout en demeurant d'une incroyable légèreté. C'est un conte cruel dans lequel la femme se confond avec la mort. Sans que toutefois une autre issue soit réellement envisageable, ni souhaitable.
Il faut voir ce texte comme un intermède, une parenthèse dans un flot de lectures, qui appartient à une autre époque, à un autre monde.