Ce court roman raconte la vie et le combat que mènent les locataires infortunés (dans tous les sens du terme) d'une maison en ruine d'un quartier défavorisé du Caire. Les pauvres hères qui en sont les « héros », hauts en couleurs, au caractère bien trempé sans pour autant jamais tomber dans la caricature, forcés par le destin à une dangereuse promiscuité, y survivent tant bien que mal. C'est à dire qu'ils s'y chamaillent, s'y jalousent ou s'y entraident, tout en demeurant profondément seuls. Seuls avant tout face à l'angoisse de cette mort menaçante et imprévisible (la maison peut s'effondrer à tout instant) mais aussi isolés quoi qu'ensemble contre l'injustice de la pauvreté et de la faim.
Le ton léger, l'écriture simple, et un humour savoureux (qui fait largement intervenir un sens de l'insulte tout oriental et véritablement délicieux -celui-là même qui m'avait rendu la lecture des Valeureux d'Albert Cohen si délectable-) permettent à Cossery de dénoncer avec d'autant plus de puissance l'angoisse de l'homme face à la mort, la pauvreté et tous les aléas qui en découlent (la faim et les extrémités quasi animales dans lesquelles elle pousse l'homme, la jalousie...) ainsi que l'injustice en général.
Le résultat possède une force d'évocation brillante qui m'a d'autant plus touché que La maison de la mort certaine ne cherche jamais à faire pleurer, préférant au contraire mâtiner la réalité crue d'une touche de dérision salvatrice.