Pour les gens pressés, on va faire court : ce recueil de nouvelles a tout pour plaire aux amoureux de Prague, aux admirateurs de Borges, et aux amateurs de fiction historique.
Dans un style ni trop sec ni trop littéraire (quoique ce soit toujours difficile à dire avec une traduction), Perutz fait revivre la Prague de l'époque impériale au temps de l'empereur Rodolphe II (XVIè siècle). L'ensemble des nouvelles tournent autour des conséquences des amours de cet empereur avec l'épouse d'un riche juif.
Borges appréciait beaucoup Perutz et effectivement certaines nouvelles (la conversation des chiens, Henri qui venait des enfers) ont quelque chose de Borgesien avant l'heure, en ce qu'elles renversent la perspective ou sont délicieusement ironiques : la folie de l'Empereur n'est peut-être pas ce que l'on croit, les plus roués peuvent se faire prendre à leur propre jeu...
Enfin, si l'on recherche un peu plus que le simple dépaysement, on peut aussi y trouver son compte. Perutz, contemporain de Kafka ou Rainer Maria Rilke, sait aussi décrire ce monde qui glisse doucement vers la folie, pendant que l'Empereur est à tout autre chose que de régner. Et c'est avec beaucoup de nostalgie que le narrateur, descendant de Mordechai Meisl évoquera ce monde aujourd'hui disparu.
Pas tout-à-fait le recueil de nouvelles de rêves... mais pas loin de l'être non plus.