Un western contemporain aux accents ambigus d’Apocalypse Now, sur les arrières talibans.
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le 23 juin 2016
Russell a hérité de son grand-père un don hors norme pour dresser les chevaux. Il est envoyé sur le front irakien où il se précipite sous les feu croisés pour sauver un cheval. Les images de se sauvetage sont visionnées tout autour du monde. Elles parviennent jusqu'au capitaine Wynne, un chef mystérieux d'un unité affectée à une zone montagneuse d’Afghanistan. Wynne demande à Russel de dresser une quinzaine de chevaux pour permettent à ses hommes d’accomplir un mission secrète sur un terrain hostile.
La première partie du roman est centré sur la relation que Russel entretient avec les chevaux et sur la manière dont il les dresse. Les scènes de dressages sont longues mais en aucun cas ennuyeuses tant l'auteur y met de l'émotion. A travers ces passages, c’est la personnalité de Russel qui se dessine mais aussi celle des autres soldats. L'auteur prend le temps de nous présenter les personnages, de disséquer leur personnalité. Ils sont toujours complexes et jamais clichés. Au cœur de se monde d'homme il y a Sarah, l'unique femme du roman. Elle fait parti d'une équipe médicale. C’est une femme dure, pleine de démons et qui offre à Russel une nouvelle perspective, une nouvel angle par lequel envisager la vie. Les personnages secondaires aussi sont intéressants, notamment l'infirmier Bixby et l'éclaireur afghan Ziza. J'ai aussi beaucoup apprécié Wheels, un homme avec lequel Russel a tissé de vrai lien d'amitié. Entre eux il n'y a peu de mots mais une profonde confiance mutuelle et la certitude de pouvoir toujours compter l'un sur l'autre.
La seconde partie raconte l’expédition en elle-même. L'accent est mis sur les liens entre les hommes, sur les obstacles sur leur route. On en apprend de plus en plus sur la capitaine Wynne. C'est un homme tout en contraste et en mystère. Le récit des opérations militaires est précis, quasiment documentaire. Là encore on ne s’ennuie pas malgré tout. Le récit est épique et captivant. Les personnalités se révèlent dans les moments les plus cruciaux, les réels motivations de Wynne font surfaces. L'adrénaline et le stresse changent les hommes, les forcent à puiser profondément en eux. Russel, embarqué malgré lui là-dedans, doit faire un choix. Les états psychologiques par lesquels lui et ses compagnons passent sont très bien décrits.
Le point fort de ce roman est le personnage de Russel qui, dès notre rencontre avec lui, nous prend au ventre. C’est un jeune homme brisé, qui a rejoint l'armé pour fuir son présent mais aussi pour se trouver lui-même. Solitaire, taiseux, il semble insaisissable. Il se révèle en présence des chevaux, c’est là que son extrêmement sensibilité apparait. Pris dans un combat qui le dépasse, il cherche néanmoins à rester lucide sur ce qui l'entoure. Il prend conscience du bourbier dans lequel ils sont pris. Il cherche autant des réponses à la guerre qu'à sa propre vie.
A travers ce roman, l'auteur questionne la légitimité de certaine guerre et la frontière entre ce qui est juste ou non en temps de conflit. Où placer le curseur entre ce qu'il est acceptable de faire ou non pour de son pays ? L'auteur laisse ces questions en suspend, ainsi que celle de la possible rédemption de Russel. Il ne prend pas partie, ce n'est pas un livre qui défend un point de vue. On sort donc du livre avec plein d’interrogations et de pistes de réflexion. Un roman qui reste en tête, une belle surprise !
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Créée
le 4 janv. 2020
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