Ça faisait un petit moment que je n'avais pas lu en anglais, et il était apparemment grand temps que je m'y remette... Toute rouille linguistique mise à part, j'ai plongé avec un peu de difficulté dans ce récit complexe, qui peine un peu à se mettre en route après une première page pourtant haletante et exemplaire : un homme tue le fils d'un de ses amis à cause d'un accident de chasse. Ça prend une demi-page, c'est mené de main de maître et on se sent en bonne compagnie parmi cette communauté indienne ojibwé décrite avec tant d'empathie. Ensuite, ça se complique, mais il faut avouer que les sentiments des parents sont tout sauf limpides, d'autant que l'assassin accidentel a l'idée de donner son propre fils à ses amis pour réparer sa faute à l'ancienne, comme le conseillaient les traditions ancestrales. Le petit LaRose change donc de famille et rien n'est facile. Il agit comme un baume et porte tout le poids de la faute de son père, mais c'est un enfant tout à fait singulier, issu d'une lignée de LaRose qui n'avaient rien de banal non plus. Et Louise Erdrich nous emmène en douceur vers une fin qui ne ferme rien mais panse bien des plaies. Sa vision tout à fait particulière du monde impose une relation de causalité dynamique entre les événements qui peut rappeler certaines philosophies orientales, mais se révèle malgré tout parfaitement unique et bien distincte de l'emprise de la fatalité. Les hommes à genoux finissent chez elle par retrouver une dignité que tout conspire à leur faire oublier, et ça fait un bien fou.