Divertissement honnête que ce nouveau Menteur.
On n’a pas attendu Hollywood pour exploiter un succès commercial en donnant une suite à une comédie qui a obtenu les faveurs du public. Corneille propose donc un nouvel épisode de son Menteur, qui est, pour ainsi dire, honnête.
J’ai eu plaisir à la lire, mais je dois reconnaître que son intrigue en est assez simple et qu’elle n’est pas si drôle. J’ai eu peine à voir ce qui reliait cette pièce à la précédente tant le personnage principal, Dorante, a changé de comportement pour devenir un jeune premier générique, passionné généreux : ce Menteur ne ment presque pas ! Les ressorts comiques de cette suite sont donc très différents de ceux de la pièce originale, qui fondait une partie de son charme dans les affabulations du protagoniste.
Quant au dénouement de la pièce, il est tout à fait cornélien, puisque chaque personnage y rivalise de vertu. Mais cette recherche du sublime est peu vraisemblable, grandiloquente, et détonne par rapport au reste de la pièce.
J’ai néanmoins apprécié l’art des dialogues et la beauté des vers de Corneille. J’ai aussi beaucoup aimé la façon dont il développe en parallèle une intrigue amoureuse entre les maîtres, tout empreinte de préciosité, et une autre entre les domestiques, bien plus comique. Ainsi cette suite du Menteur semble préfigurer Marivaux et sa recherche des vérités du cœur.