Le titre, la quatrième de couverture, la critique dans Télérama (2T), préviennent qu’il s’agit d’une sorte de conte fantastique mettant en scène une automobile ancienne – une Viktorie Type A de 1939 – aux étranges pouvoirs : quarante ans après sa sortie d’usine, elle est toujours pimpante, neuve comme au premier jour : elle se répare toute seule, s’entretient elle-même miraculeusement à la grande stupéfaction de son nouveau propriétaire, un jeune étudiant en architecture quelque peu naïf.
Après la lecture « sérieuse » de COSMOS : Nouveaux Mondes, je m’étais dit qu’une bouffée de fantaisie, voire d’humour, ne ferait pas de mal. J’avais envie de décompresser, quoi !
Bon, voilà, c’est parti ! Notre jeune étudiant (le narrateur) répond à une petite annonce (voir couverture) et achète sa Viktorie à un garagiste portugais qui répond au doux nom de Pessoa (comme le poète Portugais "du même nom"). Détail important car on va rencontrer une multitude de Portugais (ou Angolais) porteur du même patronyme. Première surprise, notre acheteur n’en revient pas, sa vieille guimbarde, d’âge canonique semble tout juste sortie d’usine…
Première sortie, premier accrochage, une jeune et jolie conductrice lui emboutit l’arrière… le temps de consoler la demoiselle, la voiture s’est réparée !
Deuxième sortie, deuxième accrochage, des quadruplées angolaises (Pessoa 1, 2, 3 et 4) lui défoncent l’avant que leur oncle (Pessoa) va réparer de bric et de broc… et que Viktorie va remettre en état…
Des gamins investissent le véhicule et laissent fondre leurs glaces sur les sièges… (vous m’avez compris)
Une balade à l’autre bout de la France, un pneu crevé… (vous me suivez)
Et ainsi de suite.
La plume est légère, mais la répétition est vite lassante, même entrecoupée de parties de jambes en l’air, car, manifestement l’auto prend également soin de son propriétaire en lui assurant tous les plaisirs possibles.
On a le sentiment que l’auteur s’est bien amusé en écrivant ce livre, il a même dû jubiler.
Malheureusement pour moi, mes sourires du début se sont vite transformés en rictus d’agacement. Un souvenir désagréable s’est imposé avec insistance, celui du livre de Mathias Énard, Le banquet annuel de la confrérie des fossoyeurs. Le sujet est différent, bien sûr, mais j’ai eu la même sensation de déplaisir que lors de la lecture du livre d’Énard.
Curieusement, je me suis demandé s’il y avait un lien entre les critiques de ces deux bouquins recommandés par Télérama.
Bingo ! Les deux critiques sont signées de la même main, Gilles Heuré, dont j’essaierai de me souvenir que nous n’avons pas les mêmes goûts.
Donc, comme pour Le banquet des fossoyeurs, en espérant être gratifié du titre enviable de « Provincial », j’affirme que ce livre m’a vite ennuyé, m’a déçu alors que j’espérais m’amuser un peu, mais contrairement à ce qui m’a été reproché, je ne veux en dégoûter personne. L’humour est un exercice difficile ressenti différemment et subjectivement par chacun. En outre, j’ai loupé, peut-être, le plus drôle : je n’ai pas pu aller jusqu’à la fin !...