Dieu en son jardin
J'ai eu la chance de faire dédicacer ce livre par Robert Sheckley il y a quelques années. Cet auteur, qui nous a quittés en 2005, est un mythe. Il est au côté de Dick, Asimov, Silverberg et tant...
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le 25 déc. 2010
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Robert Sheckley est un sage. À la première lecture, je n’avais perçu en lui que le fantaisiste, un maître du non-sens dissimulé sous un vernis de science-fiction. Je me leurrais. Je l’avoue humblement. Cet auteur est un philosophe, un digne émule du Montesquieu des Lettres Persanes ou du Voltaire de Candide.
Un humain des plus banals, M. Carmody, remporte un prix au Tiercé Intergalactique. Il traverse la galaxie pour le recevoir. Hélas, en l’absence de ses coordonnées de lieu, de temps et de qualité, l’Administration des Jeux se déclare incapable de le renvoyer à domicile. Tom Carmody erre désormais à la recherche de sa Terre, pourchassé par son prédateur ultime. Chemin faisant, il croisera un dieu solipsiste, un créateur de monde, des terres alternatives, des dinosaures pensants, une ville austère, une société consumériste… Chaque étape est l’occasion d’une rencontre non pas folle, non point absurde, mais ancrée sur une réalité autre, sur des postulats différents. Une cité qui parle et fait fuir, par sa trop grande prévenance, ses habitants… Un saurien raciste… Une divinité éthique et timide…
Carmody apprend vite. Ses compagnons ne ménagent pas leurs efforts pour l’aider :« À strictement parler cependant, poursuivit Seethwright, il n’y pas de différence qualitative importante entre l’imaginaire et le réel. L’opposition que vous créez entre eux est entièrement verbale. »
S’il parviendra à identifier sur notre bonne vieille planète, Carmody refusera de s’y fixer, pour mieux profiter de l’instant et du voyage : « J’ai (…) renoncé à une longévité que je n’ai d’ailleurs jamais possédée. J’ai tourné le dos à l’attrape-gogo que les dieux nous font miroiter dans leur foire céleste. Je ne me soucie plus de découvrir la clef de l’immortalité. Je n’en ai pas besoin. J’ai le moment présent, qui me suffit. » C’était bien la peine de parcourir l’univers pour finir voltairien.
« Il faut cultiver notre jardin. »
Juin 2018
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le 18 oct. 2015
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