Dans ce livre fort et perturbant, Clemantine raconte à la première personne sa petite enfance à Kigali au Rwanda avec sa sœur, son frère et ses parents. Puis comment, à l’âge de six ans, sa sœur et elle sont envoyées chez leur grand-mère pour les mettre à l’abri des premières exactions contre les Tutsi. Mais là bas aussi, l’orage gronde et pour y échapper, Claire, 15 ans et Clemantine, 6 ans, doivent fuir. Seules, sans leur famille, à pied, de camps de réfugiés en bidonvilles, de pays en pays, de guerre en guerre. Leur errance durera 7 ans. Jusqu’à ce que par le biais d’une ONG, elles puissent rejoindre les Etats-Unis. S’il est trop tard pour Claire qui à 22 ans a déjà 3 enfants, Clemantine, elle, fera des études, ira à l’université. Le livre est construit sur une double rupture. D’une part la rupture de la guerre, d’autre part, la rupture de son arrivée aux États Unis. Elle a vécu pendant des années dans le dénuement le plus total, n’ayant comme objectif que sa survie et d’un coup, c’est l’opulence. L’opulence de biens, l’opulence de gentillesse, d’attention, de bienveillance qu’elle ne sait pas du tout comment gérer. Les études qu’elle fait lui donnent l’occasion de se retourner vers son passé pour essayer de le comprendre, de l’analyser mais elle a du mal à se reconstruire avec toute la colère et le ressentiment qui sont en elles. Le livre est rempli de références littéraires et une vraie réflexion est menée. Le passé est reconstruit, questionné, mis en perspective. Un livre très intéressant, riche et puissant.

Créée

le 13 mars 2019

Critique lue 127 fois

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