« Elle s’appelait Magda. Personne ne saura jamais qui l’a tuée. Je n’ai rien fait. Voilà son corps. » Tandis qu’elle promène son chien Charlie dans les bois, Vesta découvre ces quelques phrases écrites sur un papier laissé en évidence sous une poignée de cailloux noirs. Pourtant, aucune disparition suspecte n’est à signaler. Dans la solitude de sa petite maison dans les bois, où elle a déménagé après la mort de son mari, Vesta va se mettre à échafauder des histoires multiples pour tenter de comprendre le sens de cette mystérieuse note. Perdue dans un scénario de « murder mystery » que rien ne rattache à la réalité, Vesta s’enfonce dans un dédale mental qui en dit sans doute plus sur elle que sur les personnages entièrement imaginaires qu’elle traque.
Je retrouve avec Death in her hands (traduit récemment chez Fayard par Clément Baude) à peu près les mêmes impressions qu’à la lecture de Mon année de repos et de détente d’Ottessa Moshfegh : le sentiment que l’autrice tient un concept très malin, mais qu’elle l’épuise bien avant d’arriver au terme du roman. L’ambiance est pourtant réussie, comme l’était le flottement nauséeux de Mon année de détente, et Death in her hands multiplie les pistes : on se demande longtemps s’il s’agit d’un conte fantastique, d’un genre de polar récursif où la mise en abîme (l’enquêtrice improvisée créant elle-même l’objet de l’enquête : on dirait du Robbe-Grillet) va finir sur un twist à la Shyamalan, d’un récit qui glisse peu à peu vers l’horreur psychologique à mesure que se révèle le portrait peu flatteur du défunt mari de Vesta… À trop balancer, Death in her hands s’essouffle un peu, et même si Ottessa Moshfegh nous réserve un beau final je ne peux m’empêcher de trouver que ça aurait été une excellente nouvelle…