En Louisiane, des esclaves noirs triment dans les champs de coton pendant que les belligérants blancs, abolitionnistes contre confédérés, entament la Guerre de Sécession.
Pour le moment, la jeune Eve, huit ans, se moque bien de tout cela : sa maman et ses frères viennent de lui être arrachés pour être vendus à une plantation de coton voisine. Elle est sur le point d'être rossée par le contremaître pour une nouvelle fugue. Comme il sauverait un chaton de la noyade le docteur McCoy la sauve avant qu'elle ne soit fouettée et la ramène chez lui. Son épouse n'est pas surprise : il a l'habitude de repêcher des animaux souffrants…
Eve n'est pas tant une petite fille qu'une «jeune négresse», sans aucun droit, propriété des blancs, sans nom propre, qui ne peut disposer de rien. Terrifiant.
Eve est « offerte » à la fille du docteur, Eleanor, passionnée de récits d'aventures et fantastiques. Les deux enfants grandissent ensemble et, finalement, on finit par se rendre compte que la quatrième de couverture se trompe, tout ne les oppose pas. L'une et l'autre appartiennent à l'homme blanc. Ce roman rapporte les inégalités et discriminations raciales, ET misogynes, en Louisiane d'alors. Le plus effrayant est que parfois, trop souvent, certains passages rappellent notre monde d'aujourd'hui.
La porte du ciel est une quête de la Liberté dans le marasme du racisme et des inégalités.
Peinture
• « Elle n'écoutait plus que distraitement, occupée qu'elle était à aller d'une rose à l'autre, caressant les pétales qui avaient sous ses doigts le velouté délicat de la soie. » (p. 208) Cool Breeze de Mary Whyte
• « Le regard noir et le regard vert se croisent, une seconde, sous le soleil de Louisiane.» (p.13)
Van Empel - Beyond Innocence (1958)
• « Millie, potelée, aux joues rondes comme des pommes, portait un foulard jaune noué sur ses cheveux crépus. » (p.115) Antwonya, par Stephen Scott Young (2012)
• J'ai vu une grosse femme noire aujourd'hui sur la plage, elle m'a rappelé une grande déesse païenne. Le noir est aussi moi désormais. Niki de Saint Phalle, femme artiste féministe et ayant lutté contre toutes formes d'inégalités et d’intolérance.
• « Quelques gouttes de sang noir coulant dans ses veines rouges à côté du sang blanc. » (p31-32) Francis Picabia, étude de costume pour le ballet «Relâche» (1924)
• « Les hautes fenêtres en vitrail lui semblèrent irréelles à force de beauté, comme si quelque magicien avait réussi à emprisonner dans le verre le feu, le ciel, le soleil même pour en déverser la lumière multicolore (…) » (p.42) « (…) la lumière semblait progresser dans l'éclaboussement des couleurs des vitraux pour culminer dans les douces teintes de miel. Aussitôt, tout s'éclaircit : cette échelle menant de la terre au ciel, n'était-ce pas ce qu'elle voyait se déployer devant elle et qui, naissant dans l'ombre, prenait fin dans la blondeur dorée auréolant Eleanor et sa famille ? Sur les gravures, Jésus était pareillement nimbé de lumière et, de surcroît, il avait les yeux bleus. Rien d'étonnant, donc, à ce qu'il ait voulu avoir à ses côtés les êtres qui lui ressemblaient le plus. Ce devaient être les autres qui redescendaient ; ce qui n'étaient pas dignes de siéger à ses côtés. Eve baissa les yeux vers ses mains brunes (…). » (p.44) Kehinde Wiley.
• « Je vais prendre les blancs, continua Eleanor. Puis, comme si elle s'en avisait tout juste : ce sont toujours eux qui commencent. Cela allait de soi. » (p.67) Georgy Kurasov, l'échiquier.
• « Mais enfin, ils étaient libres. » (p.117) Lubin Baugin, Les cinq sens et l'échiquier (1630)
• « Ma fille, tu n'es pas une invitée ici, mais cette maison ne t'appartient pas. C'est toi qui es à elle. Ne t'avise jamais de l'oublier. » (p.140) Intérieur, pianiste et joueurs d'échecs, par Matisse (1924)
• « Les couleurs pures devenant plans et s'opposant par contrastes simultanés créent pour la première fois la forme nouvelle construite non par le clair-obscur, mais par la profondeur des rapports des couleurs mêmes. » Robert et Sonia Delaunay, 1934, Rythme.
• « On m'appelle Roi Coton, je suis blanc comme neige, je suis mille et je suis l'un.» (p.12)
Cueilleurs de coton par Thomas Hart Benton (1945)
• « Elle avançait lentement, courbée, entre les plants couverts de boules blanches, ployant sous le poids d'un sac de toile passé sur son épaule dans lequel elle comprimait le coton qu'elle ramassait, et d'une large écharpe en bandoulière, où elle avait emmailloté son dernier-né ». (p.25) Mama Queen par Annie Lee.
• « Elle a la tignasse épaisse et est vêtue d'un vieux sac de farine dans le jute duquel on a percé des trous pour les bras et la tête.» (p. 13) Mississippi Delta Children, Dorothea Lange, (photographie de 1936.)
Courtepointes
Note de l'auteur : « Je me suis inspirée assez librement de l'Histoire, comme il me semble que les femmes de Gee's band s'inspirent depuis plus d'un siècle du réel pour le transformer dans leurs courtepointes, parfois jusqu'à le rendre méconnaissable. Ce sont d'abord elles qui m'ont donné envie d'écrire ce roman. »
Pour en savoir plus sur Gee's Bend Quiltmakers, consulter http://www.soulsgrowndeep.org/gees-bend-quiltmakers.
« The women of Gee’s Bend - a small, remote, black community in Alabama - have created hundreds of quilt masterpieces dating from the early twentieth century to the present. Resembling an inland island, Gee’s Bend is surrounded on three sides by the Alabama River. (…) Enlivened by a visual imagination that extends the expressive boundaries of the quilt genre, these astounding creations constitute a crucial chapter in the history of African American art. »
• Courtepointe d'Ella Mae Irby « Douze carrés gris pâle, chacun enserrant deux carrés plus petits, posés sur un fond saumon, variation de la cabanne en rondins. » (p.61)
• Courtepointe d'Essie B. Pettway « De haut en bas, de gauche à droite, deux couleurs seulement : un blanc de coton et un bleu qui est entre celui du ciel et de la mer. » (p.95)
• Courtepointe de Loretta Pettway « Une modulation en turquoise, kaki et brun vert, couleurs de bayou sous le ciel, divisée en quatre cadrans » (p135)
• Courtepointe d'Arcola Pettway « Vert sauterelle, jaune beurre, framboise, jaune à nouveau, cerise, moutarde, roux, tomate, sauterelle. » (p.149)
• Courtepointe d'Arlonzia Pettway « à première vue, on dirait une même image répétée, simplement renversée (…). » (p.229)
Vidéo
The Quilts of gee's bend, documentaire.
Musique
Up Above My Head ~ Sister Rosetta Tharpe
Pick a bale of cotton ~ Lonnie Donegan
Precious lord take my hand ~ Aretha Franklin
Freedom ~ Aretha Franklin
A change is gonna come ~ Aretha Franklin
It's WRONG (Apartheid) ~ Stevie Wonder
You know apartheid's wrong
Like slavery was wrong
Like the holocaust was wrong