Le Cercle celtique est un mix assez réussi entre le récit maritime et le polar.
A cause d’un livre de bord que lui a confié, par hasard, un marin en fuite, Ulf et son ami Torben vont se lancer dans la quête d’une vérité qu’ils ne comprendront jamais tout à fait. Tout comme eux, le récit va louvoyer sans cesse entre le roman policier, d’aventure, historique et même fantastique.
La mer tient évidemment une place importante dans l’aventure mais l’Ecosse, ses lochs, ses châteaux et ses légendes y tient une place décisive. Mais l’auteur devant l’abondance de matière à sa disposition ne parvient pas à se fixer clairement un cap, nous entraînant avec lui dans son sillage hésitant. Il nous livre pêle-mêle ses réflexions sur l’unification de l’Irlande, le Pays de Galles, la Bretagne et l’Ecosse débarrassés de leur puissance occupante et enfin réunis en Etats celtes fédérés ou encore une vision du druidisme contemporain avec ses révolutionnaires romantiques et nostalgiques de la pensée antique versus les fondamentalistes païens avec la faucille d’un côté et l’épée du roi Arthur de l’autre. Ajoutez-y une histoire d’amour en filigrane, une pincée de rites celtes assez barbares et sanguinaires et quelques légendes écossaises.
Mais bien loin des aventures rocambolesques de nos deux héros, j’ai beaucoup plus apprécié le récit de leur navigation. Et lorsque je me suis aperçu que les faits relatés et les endroits cités étaient rigoureusement exacts, j’ai suivi, jour après jour, leur parcours sur Google Earth. J’ai senti le vent glacial de la mer du Nord me fouetter le visage, j’ai vu l’écume des vagues se transformer en glace sur le pont, j’ai senti la douce chaleur du petit poêle réchauffer le carré et celle du whisky écossais leur corps.
J’ai suivi le canal calédonien qui relie Inverness dans la mer du Nord à Fort William dans la mer des Hébrides. J’ai traversé le Loch Ness et les huit écluses successives de Neptune’s Staircase où l’on tenta de les assassiner en sabotant une porte.
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J’ai frémi avec eux lors de la traversée du détroit de Corrywreckan où un courant de neuf nœuds en collision avec la houle de l’Atlantique peut engendrer des vagues de huit mètres de haut, alors même que la Royal Navy a décrété ce détroit « non navigable »
J’ai découvert des petites baies abritées des vents au fond de Lochs obscurs surmontés de ruines de châteaux qui m’ont rappelés l’Ile Noire d’Hergé et j’ai partagé l’hospitalité des Ecossais faite d’une amitié rude et simple.