Sandro Veronesi est l'auteur de "Chaos Calme", énorme succès littéraire en Italie comme l'avait été également l'adaptation cinématographique avec Nanni Moretti. On peut difficilement lire ce "Colibri" sans y penser. Il y a encore une fois au centre du roman la notion de fatalité et aussi de deuil. La perte d'êtres chers est un véritable totem dans l'oeuvre de Veronesi, ainsi que le fait de retourner le sujet par la dérision du désespoir. Cette fois, afin de nous familiariser avec ses personnages, Veronesi écrit son roman pied au plancher sans nous laisser trop de temps pour prendre le moindre recul. C'est à la fois la force et la faiblesse du livre. On se laisse balloter dans tous les sens, d'abord amusés par la multitude de mode de narration du roman on finit par en mesurer les limites. On y décèle surtout des procédés d'écriture très mode : Playlist musicale qui accompagne le récit, la psychanalyse passée au shaker, des influences assumées et revendiquées mais qui finissent par ressembler fortement à du plagiat...C'est le type même de roman qu'on souhaiterait aimer mais par lequel on se sent finalement trahi. On ne peut nier qu'il y a de beaux moments d'émotion et d'intensité dramatique dans ce livre, mais on est loin d'un John Irving qui dans une même démarche joue moins de l'ascenseur émotionnel que de la profondeur psychologique des personnages.