On retrouve dans ce roman un bon nombre d'inspirations de grands romans de SF, ce qui donne un côté de déjà vu et de familiarité tout le long du livre. Rien de négatif pourtant, au contraire, Olivier Béranval s'approprie ces inspirations et donne au roman quelques très bonnes idées. La meilleure pour moi est le personnage principal, le Janissaire. Ne voulant rien dévoiler du livre, la structure du personnage, son histoire, ses "problématiques" m'ont extrêmement intéressé. Malheureusement, et c'est là pour moi le gros "défaut" du roman, je l'ai trouvé tellement inexploité. De ce Janissaire pourrait naître un très grand personnage de SF, pouvant même être déployé sur plusieurs romans (à l'instar de Andrea Cort dont il se rapproche par bien des aspects). Il donne son nom au roman mais il m'a semblé que les tensions liées à son personnage, ses questionnements et son histoire sont laissés de côté bien trop souvent au profit de personnages secondaires bien moins convainquants (même si je comprends l'intérêt pour l'auteur de tisser différentes lignes d'histoires qui se rejoignent). Vraiment, j'insiste, le personnage du Janissaire est une mine (moral, rédemption, identité, contrôle de soi, trouver sa place, et j'en passe). Le peuple Simorgh est lui aussi assez sous exploité - l'immersion dans leur culture manque d'ampleur.
Les "conflits" du roman sont également un peu déséquilibrés. Le début du roman est une sorte d'enquête sur un meurtre. Une intrigue locale d'une envergure limitée qui est pourtant une bonne introduction pour les personnages, la situation politique etc. Malheureusement, cette enquête n'en est pas vraiment une et prend une bonne moitié du livre. Ensuite, on passe... carrément à une intrigue planétaire, de révolution d'un peuple contre un système d'oppression, mais le tout sans jamais sortir de l'envergure locale. Il n'y a que quelques petits groupes de personnages, et le roman manque alors de souffle. Les bonnes idées éparpillent et contraignent le roman là où j'aurais personnellement préféré un vrai (et plus long) développement de certains aspects (politique, culturel, et bien sûr moral avec le Janissaire).
Un roman au potentiel inexploité, mais assez intéressant.
Petit plus apprécié avec quelques détails issus de la culture vietnamienne.