Il y a deux manières bien distinctes de juger Le jardin arc-en-ciel, le troisième roman d'Ito Ogawa publié en français. Tout d'abord en mettant en avant le thème du livre à savoir l'homosexualité féminine et le droit, quelque soit sa préférence sexuelle, de vivre en famille. En ce sens, la romancière est aussi une militante qui plaide pour la tolérance et la bienveillance dans un roman où la tendresse, la compréhension et l'ouverture aux autres se rencontrent à chaque page. Sans oublier la transmission car dans cette famille, qui s'est baptisée Takashima et qui vit dans un endroit appelée par elle Machu Picchu, dans la campagne japonaise, deux enfants grandissent sous la bénédiction de leurs deux mamans. Ito Ogawa, dont on connait l'amour de la poésie (et de la cuisine), gorge son livre de réflexions sur l'amour, la beauté et le parfum des fleurs. Très mignon, mais l'amateur de littérature, tout en adhérant aux grands principes de vie déclinés par Le jardin arc-en-ciel, peut aussi trouver la potion trop sucrée et distillée avec un soin tout particulier pour, dans un premier temps (celui des jours heureux) faire sourire, puis dans un deuxième (celui des difficultés) susciter l'émotion et les pleurs. Ito Ogawa n'y va pas avec le dos de la cuiller et livre notamment un long passage sur une mort annoncée avec force détails destinés à faire verser moult larmes. Bon, là-dessus, nul doute que les inconditionnels de l'auteure ne seront pas d'accord mais le livre aurait pu tout aussi bien toucher en étant plus retenu et subtil. Avec pour résultat, et c'est un avis tout personnel, de laisser un souvenir mitigé malgré un sujet et un début de traitement qu'on ne peut qu'estimer.