En plein travail face à un double deuil insurmontable, Frédéric Boyer remonte dans le Lièvre au point zéro de l’absence et de la perte dans sa vie : la disparition soudaine d’un voisin fascinant et louche, qui symbolisa à lui tout seul la possibilité d’une vie d’exaltation hors d’une famille étriquée.
Un récit émouvant par bien des aspects : par sa façon de chercher, dans de larges mouvements circulaires, les origines des larmes et de la solitude ; par sa capacité à ne pas taire la possibilité que l’enfant de douze ans ait pu être la proie d’une illusion, redoublant ainsi la perte de l’être admiré ; par son écriture pleine de doute et de lumière ; par sa façon, surtout, de garder les deux véritables absents - jamais nommés, bien qu’on les connaisse évidemment si l’on suit les parutions de Frédéric Boyer - à la périphérie du récit, dans un espace à jamais inaccessible, même par l’écriture.