Livre d'images édifiantes.

Le Livre de Daniel est, lui aussi, composite. La première partie est narrative, et raconte les aventures du prophète. La deuxième partie cite les visions du prophète lui-même.
Les aventures de Daniel comptent parmi les scènes les plus célèbres et les plus reproduites dans l'art occidental: Daniel et ses compagnons dans la fournaise, Daniel dans la fosse aux lions, Nabuchodonosor réduit à brouter de l'herbe... Ces images ont servi de point d'appui à l'enseignement chrétien pendant des siècles, afin de démontrer la puissance de la Foi.

Malgré le caractère explicite de ces épisodes, Daniel se rattache aux visions d'Ezéchiel par le recours à des visions symboliques nécessitant un décryptage, où des monstres composites baroques apparaissent (et ont inspiré les arts plastiques). il s'agit, dans le contexte de l'exil, de rappeler le caractère mortel des royaumes qui ont combattu les Hébreux, et l'intérêt qu'ont ces royaumes à se convertir à la Foi envers Iahvé. L'ange Michel intervient d'ailleurs, et l'ange Gabriel n'hésite pas à servir d'exégète des visions de Daniel. On est là dans un développement de l'angélologie qui va servir de base à une bonne partie du programme décoratif des églises chrétiennes.

Le Livre de Daniel montre des signes d'évolution du judaïsme primitif vers un raffinement baroque (les monstres et les animaux), l'utilisation de paraboles, le messianisme (Le "Fils de l'Homme") et la résurrection des morts.

Une particularité du Livre de Daniel est son comput assez obscur: faut-il compter les durées en années ou en "semaines d'années" ? Par exemple à partir de l' "abomination de la désolation", qui est l'érection de la statue de Jupiter Olympien dans le Temple profané en 168 avant Jésus-Christ. On constate donc, au vu de cette date, que la composition de ce livre, comme celle des autres grands prophètes, s'est étendue sur de nombreux siècles. Le ton prophétique, dans les visions, est marqué par l'emploi d'un futur fermement assuré.