jullius
jullius 20 juillet 2021
Le travail… c'est pas humain !
Comme l'a rappelé Hannah Arendt dans La condition de l'homme moderne, le propre de l'homme c'est l'action, un agir orienté, un agir qui pense. du travail à l'oeuvre, « il y a le passage de l'exigence de penser ce que nous faisons » disait-elle alors qu'elle était pleinement plongée dans sa réflexion sur le totalitarisme. La grande leçon du Procès d'Eichmann n'est-elle pas que le mal peut être fait sans y penser ?
Tel est donc le défi que pose notre civilisation industrielle : comment rester homme lorsque le travail est devenu central ? Car le travail, c'est l'asservissement, c'est l'aliénation, c'est la déshumanisation. Où homo faber est transformé en homo laborans ; où le travail rime avec labeur. Dans ce travail-là, point d'initiative, nulle autonomie, aucun enrichissement possible, ni en or ni en savoir : on pense pour vous la manière d'agir, alors qu'agir et penser devraient rester intimement liés. On chronomètre, on commande, on gueule des ordres. On méprise, on humilie, on rabaisse… Ils survivent les travailleurs, se distinguent peu des forçats. le travail dont ils dépendent pour vivre est un négation de la vie même : c'est une exécution !
L'essence du travail est indécence : il faut gagner sa vie en travaillant ! Et le travail n'est plus que nécessité. L'essence même des travaux de Nivel et ses compagnons d'infortune, c'est l'absence de sens : leur travail est toujours réalisé au profit des autres. Il ne permet pas de « faire oeuvre » de…, de trouver un sens à son existence, de « faire sa vie », de « prendre la main » sur son destin. Dans ces conditions (de travail) peuvent-ils encore être appelés oeuvriers/ouvriers ?
Il fallait écrire Travaux, car le travail dans ces conditions mériterait qu'on les regarde en héros ! Il fallait écrire Travaux pour faire oeuvre, et même chef-d'oeuvre : car Georges Navel le travailleur est un poète dont le style est un enchantement. Il fallait écrire Travaux pour rendre leur dignité d'homme à ceux qui le travail de manoeuvre (i faudrait dire mal-oeuvre) met au banc de la société. Et qu'on ne s'y trompe pas : Travaux demeure d'une catastrophique actualité.