Lire Le Pouvoir des clés est une expérience enrichissante.
On peut ne pas adhérer à tout.
Mais la mesure dont Léon Chestov fait preuve est une preuve s'il en est de cet intérêt.
Lecture enrichissante également car les références sont multiples. On y croisera entre autres Aristote, Platon, Potin, Spinoza, Hegel, Husserl ou encore Nietzsche. Il est également appréciable que Chestov fasse appel à des écrivains éclairés (Shakespeare, Toltoï ou Dostoïevski) pour sortir des sentiers battus.
Une fois encore, à défaut d'adhérer à la pensée de l'auteur, il faudrait être une huitre pour ne pas y trouver quelque enseignement.
Tout au long, l'ouvrage se parcourt aisément, sans doute lié à sa forme particulière : il se compose d'une trentaine de chapitres qui sont autant d'essais succincts et presque indépendants.
Il n'est ni prétentieux ni trop conceptuel.
Les plus grogrons pourront se plaindre de citations en langues et alphabets originaux (grec, latin, allemand...). Se saisir d'un traducteur s'avèrera utile, surtout si la lecture est numérique.
Mais les références - nombreuses et a propos - ne participent-elles pas au parcours et à l'étude nécessaire en philosophie ?
Enfin, s'il ne fallait résumer qu'en quelques mots Le Pouvoir des clés sur l'échiquier de la philosophie, l'idée principale est d'accepter la dualité entre Raison (sciences) et Foi (Dieu).
L'une et l'autre s'opposent pas, ni ne permettent de s'expliquer (ou se contrer) mutuellement car elles ne procèdent pas au même univers.
Ainsi l'Humanité doit elle renoncer au pouvoir des clés (conféré par Dieu à l'Eglise) et accepter que la Vérité lui échappe tant que nous demeurons dans le domaine de la Raison.
Bref un texte brillant s'il en est par sa limpidité et ses démonstrations, qui a le mérite d'avoir inspiré bien d'autres penseurs (Camus et Malraux s'il ne fallait citer qu'eux).
PS : merci à @Polobreitner pour m'avoir permis de découvrir l'ouvrage.